Des chercheurs de l’université de l’Etat de Washington (WSU) ont identifié la façon dont s’exprime le gène Arrdc5 dans le tissu testiculaire des souris, des porcs, des bovins et des hommes. En supprimant ce gène chez la souris, ils ont constaté une infertilité uniquement chez les mâles. En effet, le nombre, le mouvement et la forme des spermatozoïdes étaient modifiés[1]. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Nature Communications[2].
Vers la conception d’un contraceptif masculin ?
Le gène Arrdc5 s’exprime uniquement dans le tissu testiculaire, et « nulle part ailleurs dans le corps », affirme Jon Oatley, professeur de la School of Molecular Biosciences de la WSU et auteur principal de l’étude. « Lorsque ce gène est inactivé ou inhibé chez les mâles, ils produisent des spermatozoïdes qui ne peuvent pas féconder un ovule, ce qui constitue une cible de choix pour le développement de contraceptifs masculins », juge-t-il.
La protéine codée par ce gène étant nécessaire à la « production normale » de spermatozoïdes, l’équipe compte travailler à la conception d’une substance qui inhiberait la production ou la fonction de cette protéine.
Un contraceptif aussi pour les animaux
Les chercheurs mettent en avant le fait que jouer sur cette protéine n’impliquerait « aucune interférence hormonale ». Ce qui constitue actuellement un « obstacle majeur » à la contraception masculine. En effet, la testostérone joue d’autres rôles que la production de spermatozoïdes chez l’homme. Elle est notamment impliquée dans le développement de la masse osseuse et de la force musculaire, ainsi que dans la production de globules rouges.
Les scientifiques estiment également que « la conception d’un médicament ciblant cette protéine rendrait la contraception facilement réversible ». « Il ne s’agit pas de supprimer la capacité à produire des spermatozoïdes, mais d’empêcher les spermatozoïdes qui sont produits de l’être correctement », précise Jon Oatley. « En théorie, il suffirait d’arrêter le médicament pour que les spermatozoïdes recommencent à être fabriqués normalement. »
Même si les chercheurs ciblent en premier l’application chez l’homme, ce nouveau contraceptif pourrait aussi être utilisé chez d’autres mammifères. Le gène Arrdc5 est en effet présent chez « presque toutes » les espèces de mammifères connues. Jon Oatley et Mariana Giassetti, également auteur de l’étude, ont déposé un brevet provisoire sur le sujet.
[1] Les souris mâles dépourvues de ce gène produisaient 28% de spermatozoïdes en moins, qui se déplaçaient 2,8 fois plus lentement que chez les souris normales, et environ 98% de leurs spermatozoïdes présentaient une forme anormale.
[2] Nature Communications (2023). DOI: 10.1038/s41467-023-37735-y
Source : Medical Xpress, Washigton State University (17/04/2023) – Photo : iStock