Chantal Sébire, une ancienne professeur des écoles de 52 ans, atteinte d’une tumeur évolutive incurable des sinus et de la cavité nasale, vient d’écrire au président de la république et aux médias pour qu’une loi sur l’euthanasie soit votée. La maladie orpheline qui la défigure, lui occasionne des "souffrances atroces", explique-t-elle. Elle refuse de "devenir un légume" et demande "à partir sereinement".
Son médecin traitant, le Dr Emmanuel Debost, avoue avoir "totalement révisé" son jugement sur la dépénalisation de l’euthanasie "face à ce cas aussi aigu". "Ma conscience n’aspire qu’à l’aider, mais médicalement je ne sauterai pas le pas à cause de la loi", explique-t-il.
Chantal Sébire refuse le suicide car "ce serait une capitulation face à la maladie", explique le Dr Debost. Elle refuse également d’être "sédatée" c’est à dire "qu’on endorme sa douleur et sa conscience avec. Elle veut rester lucide jusqu’au bout et demande, pour ce faire, que le corps médicale l’accompagne dans sa volonté", précise le Dr Debost.
L‘Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) a aussitôt envoyé un communiqué faisant part de son engagement à ses côtés et affirme avoir trouvé "une faille juridique". Elle suggérerait à Chantal Sébire de "déposer une requête auprès du Tribunal de Grande Instance (TGI) concerné lui demandant de rendre une ordonnance autorisant le médecin à prescrire les médicaments nécessaires". Autrement dit à rendre possible "un suicide assisté".
Jean Leonetti, député UMP, médecin et auteur de la loi votée en 2005 sur "le laisser mourir" explique : "le débat ne doit pas être initié ou relancé par des histoires individuelles, dans un contexte émotionnel". "Une histoire bouleversante peut entraîner une solution simpliste. Il faut différencier euthanasie, suicide assisté et appel au secours face à la souffrance."
Rappelons que la loi Leonetti condamne l’acharnement thérapeutique et plaide pour les soins palliatifs et les médicaments anti-douleur même s’ils précipitent la mort.
Par ailleurs, dans La Vie, la psychologue, Marie de Hennezel, promotrice des soins palliatifs, regrette que la loi Leonetti sur la fin de vie soit "si peu appliquée" en France. Pour elle, le mot "euthanasie" est aujourd’hui utilisé pour masquer une autre question qui mérite d’être débattue, celle de l’aide au suicide.
Le Figaro (Delphine de Mallevoüe – Agnès Leclair) 28/02/08 – La Croix 28/02/08 – La Vie (Laurent Grzybowski) 28/02/08 – Liberté politique.com (Thierry Boutet) 03/03/08