Des chercheurs californiens ont montré qu’une « enzyme de l’ADN » (ou « DNAzyme ») modifiée chimiquement [1] peut être utilisée pour « réduire au silence » une mutation génétique nocive présente dans de nombreux types de cancers [2].
Les mutations du gène KRAS sont présentes dans 25 % des cancers humains. Elles sont connues pour contribuer à la croissance et à la division anarchiques des cellules. En utilisant l’enzyme, les scientifiques sont parvenus à empêcher la production de la protéine KRAS mutée, sans affecter la production des protéines KRAS normales.
Cibler l’ARN messager
Les méthodes de « neutralisation » des gènes ciblent l’ARN messager (ARNm), qui, copié à partir de l’ADN, est utilisé pour fabriquer une protéine. En détruisant l’ARNm d’un gène spécifique, ces thérapies empêchent l’expression du gène, sans modifier le génome.
Plusieurs traitements sont disponibles sur le marché, mais ils utilisent des approches basées sur l’ARN interférent (ARNi [3]), et ne sont pas assez sensibles pour cibler les mutations ponctuelles.
Les enzymes de l’ADN coupent l’ARN et sont très spécifiques, ce qui leur permet de distinguer les séquences d’ARN qui ne diffèrent que d’une seule base.
L’étude n’ayant porté que sur un gène uniquement, d’autres expériences sont nécessaires pour montrer dans quelle mesure cette approche pourrait s’appliquer à d’autres cibles génétiques et à d’autres maladies. L’université de Californie à Irvine et les auteurs de l’étude ont déposé une demande de brevet provisoire.
[1] pour en augmenter l’activité
[2] Nguyen, K., Malik, T.N. & Chaput, J.C. Chemical evolution of an autonomous DNAzyme with allele-specific gene silencing activity. Nat Commun 14, 2413 (2023). https://doi.org/10.1038/s41467-023-38100-9
[3] Un ARNi interfère avec un ARN messager spécifique et conduit à sa dégradation et à la diminution de sa traduction en protéine.
Source : BioNews, Dr Jenny Lange (15/05/2023) – Photo : iStock
