Une nouvelle étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Science (PNAS) apporte les « premières preuves » d’un regain d’activité du cerveau, en lien avec la conscience, au seuil de la mort[1]. L’étude a été dirigée par Jimo Borjigin, professeur agrégé au département de physiologie moléculaire et intégrative et au département de neurologie de l’Université du Michigan.
Suite à un arrêt cardiaque, quatre patients sont tombés dans le coma, ne réagissant pas. Avec l’autorisation de leurs proches, on leur a retiré la ventilation artificielle, alors qu’ils étaient encore sous surveillance EEG[2]. Mais lorsque le respirateur a été débranché, le rythme cardiaque de deux des patients[3] s’est accéléré et les ondes gamma se sont multipliées. Une activité cérébrale associée à la conscience.
Des observations à confirmer
En outre, cette activité a été détectée dans une zone du cerveau liée dans de précédentes études au rêve, aux hallucinations visuelles dans l’épilepsie et aux états de conscience altérés[4]. Ces deux patientes avaient déjà eu des crises d’épilepsie, mais n’en avaient pas eu dans l’heure précédant leur décès. Les deux autres patients n’ont, eux, pas présenté la même augmentation de la fréquence cardiaque lors du retrait du dispositif de maintien en vie, ni une augmentation de l’activité cérébrale.
En raison de la petite taille de l’échantillon, les auteurs invitent à rester prudents. « Nous ne sommes pas en mesure d’établir des corrélations entre les signatures neuronales de la conscience observées et une expérience correspondante chez ces patients », tempèrent-ils. Des études multicentriques de plus grande envergure, incluant des patients en soins intensifs sous surveillance EEG qui survivent à un arrêt cardiaque, pourraient fournir des données pour déterminer si ces bouffées d’activité gamma sont la preuve d’une « conscience cachée », à l’approche de la mort.
[1] Xu, Gang et al, Surge of neurophysiological coupling and connectivity of gamma oscillations in the dying human brain, Proceedings of the National Academy of Sciences (2023). DOI: 10.1073/pnas.2216268120
[2] Un électroencéphalogramme (EEG) est un examen qui permet de mesurer et d’enregistrer l’activité électrique du cerveau.
[3] Une femme de 24 ans et une femme de 77 ans
[4] A la jonction entre les lobes temporaux, pariétaux et occipitaux à l’arrière du cerveau
Sources : Medical Xpress, University of Michigan (01/05/2023) ; Phys.org, Issam Ahmed (01/05/2023)