Des scientifiques ont mis au point une « matrice extracellulaire synthétique » (ECM) capable de soutenir la croissance in vitro d’un « mini endomètre » pendant « au moins deux semaines ». Ils ont publié leurs travaux dans la revue Med[1].
L’endomètre, autrement dit la muqueuse de l’utérus, « a toujours été difficile à modéliser en laboratoire ». Cette matrice permet aux cellules d’interagir dans « un environnement qui récapitule la physiologie humaine »[2], ce qui pourrait aider les chercheurs à mieux simuler la réponse saine ou pathologique de l’endomètre aux cycles menstruels.
Etudier l’endométriose
Pour vérifier si la matrice pouvait soutenir la croissance et le fonctionnement des cellules épithéliales et stromales de l’endomètre, les chercheurs ont traité les cultures avec de la progestérone synthétique, une hormone sexuelle qui joue un rôle clé dans le cycle menstruel, afin de reproduire les conditions d’une partie du cycle menstruel. L’hormone a provoqué l’épaississement de la couche épithéliale des organoïdes, a augmenté la sécrétion d’une protéine pro-gestationnelle et a induit une différenciation stromale, les mêmes changements que ceux observés chez la femme.
L’équipe a ensuite exposé les cultures à un type de cytokines pro-inflammatoires liées aux maladies endométriales chez la femme, notamment l’endométriose, une pathologie caractérisée par la croissance de tissus endométriaux en dehors de l’utérus. Ils ont constaté que dans les cultures contenant à la fois des cellules épithéliales et stromales, la cytokine augmentait « considérablement » la prolifération des cellules épithéliales, une caractéristique observée chez les femmes atteintes d’endométriose. Cette croissance anormale n’a pas été observée dans les monocultures contenant uniquement des cellules épithéliales.
Pour approfondir la compréhension des mécanismes en jeu, « nous disposons désormais d’une plate-forme qui peut être utilisée pour les étudier plus en détails », se réjouit Juan Gnecco de la Tufts University, auteur de ces travaux.
Complément du 26/02/2024 : Des chercheurs ont développé des organoïdes d’endomètre sensibles aux hormones (EMO). Placé en « coculture » avec des blastoïdes dérivés de cellules souches embryonnaires humaines (cf. Embryoïdes, blastoïdes, MEUS : des embryons créés pour la recherche), le « système assembloïde fœto-maternel tridimensionnel » récapitule les étapes critiques de l’implantation de l’embryon. Les scientifiques estiment que ce « modèle » fournit une base pour l’étude de l’implantation de l’embryon et des interactions fœto-maternelles. Ils ont publié leurs travaux dans la revue Science Advances.
NDLR : L’utilisation de cellules souches embryonnaires humaines conduit à la destruction des embryons dont elles en sont issues.
[1] Organoid co-culture model of the cycling human endometrium in a fully synthetic extracellular matrix enables the study of epithelial-stromal crosstalk, Med (2023). DOI: 10.1016/j.medj.2023.07.004
[2] Jusqu’à présent, les scientifiques ont cultivé des organoïdes avec un type d’hydrogel d’origine naturelle appelé Matrigel. Or ce gel contient des protéines qui peuvent interférer dans la communication entre les cellules.
Source : Tech Xplore, Cell Press (11/08/2023) – Photo : Pixabay