Une affaire « peu banale » vient de faire surface « des deux côtés de l’Atlantique » : trois familles canadiennes poursuivent en justice, pour « tromperie », une société américaine commercialisant des échantillons de sperme humain. Le donneur n°9623 « était, sur catalogue, présenté comme un homme d’une particulière intelligence. Il ne semble pas que ce soit le cas ».
Son sperme a été utilisé depuis dix ans et jusqu’en janvier dernier, pour des inséminations artificielles chez au moins 36 femmes, en Grande Bretagne, au Canada et aux Etats-Unis. Une erreur de mail de la société Xytex a permis aux familles d’« apprendre sa véritable identité ».Via une recherche sur internet, ils ont découvert que l’« homme était en fait âgé de 39 ans, qu’ils souffrait de schizophrénie, ainsi que de troubles psychotique et narcissique de la personnalité en raison de sa consommation de drogues », et qu’« il avait été emprisonné pour divers délits ».
La question qui se pose est alors : « Ce passé de délinquant toxicomane est-il transmissible dans les gènes comme on pensait que l’était un QI élevé et une carrière brillante ? »
Jean Yves Nau rappelle qu’en France, la « marchandisation du sperme » est gérée par les Cecos[1]. Le donneur est reçu en entretien pour « une enquête génétique concernant ses ascendants, descendants et collatéraux, à la recherche de maladies graves transmissibles ». Toutefois « rien n’est dit aux couples receveurs sur le QI du donneur, ni sur d’éventuelles pathologies psychiatriques, ni sur le casier judiciaire. Rien non plus sur la mention au bac ou sur le statut socio-économique. Et pour l’heure, rien sur les yeux bleus ».
[1] Centre d’Etudes et de Conservation des Œufs et du Sperme.
Le Figaro (15/04/2016); Jean Yves Nau (16/04/2016)