En Grande Bretagne, la Human Fertilisation and Embryology Autority (HFEA) a validé hier la loi autorisant la FIV à trois parents (cf. Les essais de FIV à 3 parents autorisés au Royaume-Uni), pour éviter la transmission de maladies mitochondriales. Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Lejeune, répond aux questions de Gènéthique sur les enjeux de cette approbation par le Comité d’éthique britannique.
Gènéthique : Cette autorisation ouvre-t-elle une boîte de Pandore ?
Jean-Marie Le Méné : C’est une première mondiale qui va avoir un retentissement important tant sur un plan scientifique, qu’éthique, juridique et financier. Comme telle, le feu vert accordé à ces manipulations est grave parce que cette nouvelle technique de PMA avec manipulation du génome implique plusieurs transgressions : elle modifie les lignées germinales et elle fabrique des embryons transgéniques. Pour mener à bien ces recherches et, à terme, ces essais, les chercheurs vont devoir fabriquer des embryons et recourir au clonage. Des pratiques qui ont été dénoncées par la convention d’Oviedo, que la Grande Bretagne n’a pas signée, et qui interrogent et divisent la communauté scientifique : des voix essaient de se faire entendre pour demander un moratoire. Jusqu’ici, les appels sont restés vains.
G : Pensez-vous que cette décision aura des répercussions en France ?
JMLM : La France ne peut pas ignorer cette révolution biotechnologique et éthique. Mais je m’interroge : face à cet Hiroshima bioéthique, que propose la France ? Qu’est-il envisagé pour protéger l’intégrité du patrimoine génétique de chaque être humain ? La modification du patrimoine génétique humain relève à la fois de l’eugénisme et du transhumanisme. Alors que la campagne présidentielle s’ouvre, il serait temps que les futurs responsables politiques s’engagent sur cette question. Il en va du destin de l’humanité.