Selon le New York Times du 3 septembre dernier, un certain nombre de couples américains recourt au diagnostic pré-implantatoire (DPI) pour que soit dépistée sur leurs embryons, créés par fécondation in vitro, une prédisposition au cancer du sein ou du colon. Il s’agit de couples confrontés à ces cancers et qui désirent avoir un enfant non porteur de ces mutations.
Cette technique est lourde pour la femme (recours à la fécondation in vitro assortie de stimulations ovariennes) et pour le couple (grosse charge financière). Le DPI implique un tri d’embryons et la destruction des embryons ne répondant pas aux critères. Seuls les embryons indemnes de la mutation recherchée sont sélectionnés pour être réimplantés dans l’utérus maternel. En plus de la déviance eugéniste, les critiques pointent le "risque de génétique de classe" car seuls les couples fortunés pourront recourir au DPI dans le cadre de dépistage de cancers, non pris en charge par les assurances médicales.
Cette pratique est autorisée en Grande-Bretagne. En France, le débat sur le tri d’embryon en cas de prédisposition à certains types de cancers chez des couples touchés par ces mutations vient de commencer. Mais de nombreuses interrogations surgissent. Ainsi, une femme porteuse d’une mutation du cancer du sein, qui a recours au DPI pour avoir un enfant indemne de la mutation, ne risque-t-elle pas, à la suite de l’hyperstimulation ovarienne, de favoriser l’apparition d’un cancer du sein ?
Le Pr Jean-Claude Ameisen s’inquiète aussi de la mise en place d’une "commercialisation sauvage" de tests génétiques pour des maladies très courantes mais dont la composante génétique est faible tant ces maladies sont influencées par "l’environnement".
Le Figaro (Catherine Petitnicolas) 05/09/06