Des chercheurs du laboratoire de recherche thoracique Latner, associé à l’Université de Toronto, et de l’Ajmera Transplant Center de l’UHN, ont montré « qu’il est possible de convertir en toute sécurité le groupe sanguin des organes de donneurs destinés à la transplantation ». Une découverte qui constitue « une étape importante vers la création d’organes universels de type O ». Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine[1]
« Avec le système d’appariement actuel, les délais d’attente peuvent être considérablement plus longs pour les patients qui ont besoin d’une greffe en fonction de leur groupe sanguin », explique le Dr Marcelo Cypel, chirurgien à l’Ajmera Transplant Center et auteur de l’étude. Mais si l’on pouvait obtenir des « organes universels », « nous pourrions éliminer la barrière de la compatibilité sanguine et classer les patients par ordre d’urgence médicale ». Ce qui permettrait « de sauver plus de vies et de gaspiller moins d’organes ».
Les antigènes en cause
Le groupe sanguin est déterminé par la présence d’antigènes à la surface des globules rouges : le sang de type A contient l’antigène A, le sang de type B contient l’antigène B, le sang de type AB contient les deux antigènes et le sang de type O n’en contient aucun. Les antigènes peuvent déclencher une réaction immunitaire s’ils sont étrangers à notre organisme. C’est pourquoi, pour les transfusions sanguines, nous ne pouvons recevoir que du sang provenant de donneurs ayant le même groupe sanguin que le nôtre, ou le groupe universel O.
De même, les organes des donneurs sont appariés aux receveurs potentiels sur la liste d’attente en fonction du groupe sanguin, entre autres critères. En conséquence, les patients de type O attendent « en moyenne deux fois plus longtemps pour recevoir une transplantation pulmonaire que les patients de type A », précise le Dr Aizhou Wang, également auteur de l’étude. Et leur risque de de décès est de 20% supérieur.
Une « preuve de concept »
Des poumons de donneurs humains de type A non aptes à la transplantation ont été placés dans un système de perfusion pulmonaire ex vivo (EVLP). Un des poumons a été traité avec des enzymes destinées à éliminer les antigènes de la surface de l’organe. L’autre, du même donneur, n’a pas été traité.
Les chercheurs ont ensuite fait passer du sang de type O, avec une forte concentration d’anticorps anti-A. L’objectif étant de simuler une transplantation incompatible. Ils ont observé que les poumons traités étaient bien tolérés, alors que les poumons non traités présentaient des signes de rejet.
L’équipe travaille désormais à une proposition d’essai clinique d’ici 12 à 18 mois.
[1] Conversion of blood type A donor lungs into universal blood type lungs using ex vivo ABO enzymatic treatment, Science Translational Medicine (2022). DOI: 10.1126/scitranslmed.abm7190
Source : Medical Xpress, University Health network (16/02/2022) – Photo : kalhh de Pixabay