“Tourisme de procréation” : une étude soulève les enjeux éthiques du recours aux mères porteuses dans les pays pauvres

Publié le 28 Oct, 2012

Le Journal of Medical Ethics relaye l’étude du professeur Raywat Deonandan et deux de ses étudiants de l’Interdisciplinary School of Health Sciences à l’Université d’Otawa, qui expose les enjeux éthiques liés à l’apparition et au développement très rapide du "tourisme de procréation " et des problèmes éthiques qu’il engendre.

L’auteur revient sur la définition du "tourisme de procréation" qui est "un phénomène par lequel les personnes traversent les frontières pour acheter des ‘technologies de reproduction assistée’ […], [et qui représente] aujourd’hui une industrie de plusieurs milliards de dollars". Le Pr Raywat Deonandan précise que le phénomène est particulièrement inquiétant dès lors que "des citoyens des pays riches (comme le Canada et les USA) vont jusque dans les pays pauvres (particulièrement l’Inde) pour acheter les services de mères porteuses". En Inde, "l’industrie du tourisme de procréation" est évaluée entre 500 millions et 2,3 milliards de dollars.

Parmi les enjeux éthiques soulevés dans l’étude, le journaliste retient "les tensions entre l’éthique commerciale et l’éthique médicale comme étant au cœur de la problématique éthique de l’industrie ", relevant une définition du "consentement éclairé" trop restrictive. En effet, "lorsque des femmes extrêmement pauvres, illettrées et vulnérables concluent des contrats compliqués pour vendre leur santé reproductive à de riches étrangers, souvent les risques sociaux ne leurs sont pas communiqués, tels que le risque d’éloignement de leur communauté ou le risque de malaise avec leur mari et leurs enfants".

Le Pr Raywat Deonandan analyse une des causes fondamentales du problème : "lorsque commerce et médecine se confrontent, il n’y a pas d’accord pour établir un cadre éthique visant à déterminer les droits et responsabilités de chacun. Dans une négociation d’affaire, chaque acteur n’a à se préoccuper que de ses propres intérêts". Or, dans le cas du recours aux mères porteuses, l’auteur précise que "la clinique est moralement responsable des intérêts de chacun, incluant à la fois la mère porteuse et le client".

Afin de se rendre compte de l’ampleur du phénomène en Inde, le Pr Raywat Deonandan et ses étudiants ont procédé à l’analyse des sites internet de 159 cliniques proposant ces "‘technologies de reproduction assistée’ ". Il en ressort que "86% des cliniques mentionnent qu’elles proposent des services de ‘tourismes de procréation’, dont 47% proposent ouvertement des mères porteuses à leurs clients".

Healthcanal.com 23/10/12 – jme.bmj.com 09/10/12

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