La presse britannique relate le cas de Richard Rudd, un homme de 43 ans qui s’est retrouvé tétraplégique après un accident de moto en octobre 2009. Après de nombreux tests et scanners, les médecins ont confirmé la paralysie complète de ses bras et de ses jambes. Il estimaient que Richard était plongé dans un coma dont il était peu susceptible de sortir. Dans cette situation, les membres de sa famille pensaient que Richard ne voudrait pas que l’on poursuive son traitement pour le maintenir en vie. Ils se rappelaient une discussion qu’ils avaient eu avec lui. Richard avait dit : "si un jour je devenais paraplégique, je ne voudrais pas continuer [à vivre]". Son père avait donné son accord à l’hôpital Addenbrooke de Cambridge pour que le respirateur de son fils soit arrêté. Il n’y avait, selon lui, "pas une chance sur un million" pour que Richard veuille continuer à vivre dans cette situation.
Les médecins ont souhaité attendre un peu. Le Professeur David Menon, expert reconnu dans le domaine des dommages cérébraux, a alors remarqué que Richard, qui ne manifestait auparavant aucun signe de conscience, a cligné des yeux pour la première fois. "Il avait des dommages sévères au cerveau et nous ne pouvions pas communiquer avec lui. […] En fait, Richard était enfermé en lui-même, un état où les personnes ont des processus cognitifs relativement normaux mais sont capables de vous le faire savoir uniquement par des mouvements des yeux ou des paupières. Quand, après une période d’attente, il a montré un mouvement volontaire des yeux, tout a changé". Le Pr Menon a pu communiquer avec lui pendant 3 semaines afin d’être sûr qu’il comprenait son état. "Il s’est souvenu qu’il avait eu un accident. […] Il était conscient qu’il était sous respirateur et alimenté par une sonde". Il lui a posé des questions nécessitant des réponses par "oui" ou "non". A trois reprises, le Pr Menon lui a demandé s’il voulait continuer ses soins. Trois fois, Richard a répondu "oui".
Sa famille est soulagée de ne plus avoir à prendre une décision difficile. "Je suis heureux qu’il ait eu la chance de survivre et qu’il ait son mot à dire. Avoir à décider si votre enfant devrait continuer à vivre ou mourir est quasiment impossible" a déclaré le père de Richard Rudd. Ce dernier est désormais capable de bouger sa tête, et a retrouvé des expressions faciales : il est capable de sourire et de grimacer. "Ce n’est pas le même Richard que nous avons connu mais […] il sourit quand nous parlons du passé et quand il voit ses enfants". "La volonté de vivre a pris le dessus".
L’histoire de Richard Rudd soulève la question du consentement anticipé. Selon le Dr. Andrew Fergusson du Christian Medical Fellowship, "ce cas montre la faiblesse de conférer une force légale à des documents qui, par nature, ne peuvent couvrir toutes les possibilités. Les gens changent souvent d’avis quand les choses deviennent dures. Ils découvrent tout à coup qu’il y a des choses pour lesquelles il vaut la peine de vivre".
BBC News 13/07/10 – Telegraph.co.uk (Caroline Gammell) 14/07/10 – Daily Mail (David Derbyshire, Andrew Levy) 14/07/10