Le quotidien Libération fait un reportage sur 80 femmes Roms vivant en Tchéquie qui ont porté plainte devant le médiateur de la République tchèque pour stérilisation abusive.
La moitié a été stérilisée sous le régime communiste dans le cadre d’une campagne "pour une population saine" qui prévoyait des indemnisations pour toute femme acceptant d’être stérilisée. L’autre moitié a été stérilisée sous le nouveau régime pour des raisons médicales. Toutes ces femmes estiment que leurs droits ont été violés, qu’elles n’ont pas eu le choix, qu’elles ont été mal, ou pas, informées, qu’elles n’ont pas pu donner "un consentement éclairé" comme l’exige la loi.
Pour certaines, ces stérilisations relèvent du racisme "avec nous, on ne se gène pas. Les gens trouvent déjà qu’on a trop d’enfants", explique Helena Ferencikova qui a été stérilisée à 19 ans après une seconde césarienne car selon le médecin elle n’aurait pas survécu à une troisième naissance. Elle se souvient avoir du signer un papier juste avant que l’anesthésie fasse effet sans comprendre de quoi il s’agissait. Jirina Dzurkova a découvert qu’elle avait été stérilisée quand elle a voulu un autre enfant : "ils nous ont traité comme des animaux, pas comme des vrais femmes. De quels droits ont-ils décidé à ma place ?"
Le 18 novembre dernier, le tribunal régional d’Ostrava a rendu un premier verdict en rejetant la demande d’indemnisation d’Helena qui réclamait 1 million de couronnes (38 000 euros) pour préjudice physique et moral. L’hôpital, qui a été condamné à présenter des excuses pour n’avoir pas respecté la procédure, a fait appel.
En décembre, le médiateur de la République a rendu son rapport. S’il écarte la discrimination raciale, il reconnaît que les plaignantes ont été victimes de "stérilisations illégales".
Libération (Véronique Soulé) 03/03/06