Dans son livre Parentalité : Les enfants du désir, Paul Yonnet, sociologue, explique que longtemps le mariage a été utilisé comme rempart à la fécondité. La maîtrise de la fécondité s’opérait par un recul de l’âge du mariage, devenu un moyen "d’éviter le trop plein d’enfants".
Vers le milieu du XVIIIè siècle a commencé la "révolution démographique", c’est à dire la diminution des naissances due notamment à la baisse de la mortalité infantile et la montée de la considération pour l’enfant. Ainsi entre 1750 et 1914, la fécondité en France a diminué de 57 %.
Avec l’arrivée de la contraception et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le mariage a perdu sa finalité de régulation de la fécondité. Cette révolution contraceptive est le point d’orgue de la logique de l’enfant désiré.
De ce principe de l’enfant désiré naît un "malaise éducationnel" : comment s’opposer à un enfant "désiré"? Par ailleurs, les parents ont tendance, pour montrer à l’enfant qu’il a été désiré, à le pousser à l’autonomie pour que "son moi profond puisse s’épanouir librement". L’autonomie devient la preuve que l’enfant a été désiré mais cette autonomisation précoce suppose une séparation anticipée entre parent et enfant. Aujourd’hui, on éduque les enfants pour qu’ils soient capables de produire eux-mêmes la norme. C’est une forme d’abandon des parents qui est fort anxiogène pour l’enfant.
Cela amène l’auteur à écrire qu’"il n’y a pas d’enfant du désir véritablement heureux".
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La Croix (Paul Yonnet) 02/06/06