Santé publique France vient de publier pour la première fois un rapport sur la santé périnatale et son évolution de 2010 à 2019, au niveau national et régional. Il regroupe dans un document unique les principaux indicateurs visant à décrire l’état de santé de la femme enceinte, du fœtus et du nouveau-né, de la grossesse au postpartum.
Des grossesses plus tardives
L’âge moyen national à l’accouchement a augmenté, passant de 29,3 ans en 2010 à 30,3 en 2019. Il existe des contrastes selon les régions. Ainsi, les femmes accouchent plus jeunes dans les DROM alors que l’âge à l’accouchement est plus élevé dans les régions où de grandes agglomérations urbaines régionales existent (IDF, PACA, Auvergne Rhône Alpes …)
Ce décalage dans le temps des naissances avait déjà été noté par l’INSEE début 2022 dans une étude qui avait relevé l’augmentation des naissances tardives (40 ans ou plus) en France (cf. France : augmentation des naissances chez les femmes âgées de plus de 40 ans).
Ce phénomène n’est pas sans conséquences, l’âge maternel élevé étant un facteur de risques d’un certain nombre de complications de la grossesse, tant pour la mère que pour l’enfant à naitre.
Un niveau élevé de dépistage
Au cours du suivi de la grossesse, le taux de mesure de la clarté nucale[i] est en légère baisse en métropole, passant de 95,5% en 2010 à 93,9% en 2017. Il est plus faible dans les DROM, en particulier en Guyane, où il était de 69,7% en 2017. Cette tendance témoignerait-elle d’une certaine résistance des femmes à la systématisation du dépistage de la trisomie 21 que l’on veut leur imposer ? (cf. Dépistage prénatal ? Toujours plus)
Le rapport relève également qu’en moyenne, pour la période 2011-2018, la prévalence annuelle d’enfants porteurs d’au moins une anomalie congénitale était comprise entre 2,2 (Antilles) et 4,8 (Rhône-Alpes) cas pour 100 naissances. Un diagnostic prénatal avait été réalisé pour 75 à 90% des enfants nés porteurs de malformations survenant dans un contexte d’anomalies génétiques.
Parmi l’ensemble des cas enregistrés par les registres français de surveillance des anomalies congénitales, le rapport précise qu’en 2018 la proportion d’interruptions médicales de grossesse (IMG) pour raison fœtale pratiquée avant 22 semaines d’aménorrhée (SA) varie entre 10% (Rhône Alpes) et 22% (Paris), et entre 5% (Rhône Alpes) et 16% (Paris) lorsque l’IMG a été réalisée après 22 SA.
Pour ce qui est plus particulièrement de la trisomie 21, le rapport annuel 2022 de l’Agence de la biomédecine (ABM) montre une baisse du recours à l’IMG lorsque le diagnostic est posé en anténatal (cf. Dépistage prénatal : la trisomie 21 au cœur de la cible).
Des évolutions contrastées de la mortalité
L’évolution de la mortinatalité[ii] est stable en métropole, avec une légère tendance à la baisse, allant de 8,9 en 2012 à 8,5 en 2019. Elle est plus contrastée dans les DROM où elle atteint des taux 1,5 fois plus élevés. La mortinatalité induite, correspondant aux IMG, a quant à elle légèrement baissé, passant en moyenne de 3,6 p. 1 000 à 3,3 p. 1 000 entre 2012 et 2019. Elle connait en outre des variations selon l’âge maternel.
Enfin, parmi les indicateurs jugés « préoccupants », le rapport relève l’augmentation de la mortalité néonatale (entre 0 et 27 jours de vie) en France. Elle passe de 1,6 décès pour 1 000 naissances en 2010, à 2 en 2019. Dans les DROM, la moyenne est 2 fois plus élevée, mais la situation est variable sur les dix dernières années, variant de 3,3 décès pour 1 000 naissances à 4,4 décès selon les années.
Entre 2012 et 2019, les taux de mortalité périnatale[iii] pour la France ont, eux, peu varié : entre 10,6 et 10,7 pour 1 000 naissances. En métropole, les taux sont inférieurs à la moyenne nationale : 9,4 pour 1 000 naissances en 2012, et 9,2 pour 1 000 naissances en 2019.
Les chiffres de l’INSEE pour 2021 avaient déjà montré une augmentation de la mortalité infantile en France (cf. Augmentation de la mortalité infantile en France : des causes diverses).
[i] La mesure de la clarté nucale est réalisée au cours de la première échographie de la grossesse, c’est-à-dire entre 11 et 14 semaines d’aménorrhée. Elle vise à dépister des anomalies chromosomiques, en particulier la trisomie 21, et sert aussi à déceler des anomalies de la circulation lymphatique ainsi que certaines maladies cardiaques.
[ii] Selon l’OMS une mortinaissance est une naissance d’un fœtus mort de plus de 500 grammes, ou de terme supérieur ou égal à 22 semaines de grossesse, si le poids est inconnu.
[iii] La mortalité périnatale englobe les enfants nés sans vie et les enfants nés vivants et décédés avant sept jours de vie.