Financée par le Fonds national de la recherche et l’Académie des sciences médicales, une étude, réalisée par l’Université de Zurich et la Haute Ecole zurichoise pour les sciences appliquées, s’est, pour la première fois, penchée sur le profil des personnes qui ont recours à l’aide au suicide via les associations suisses Dignitas et Exit.
Entre 2001 et 2004, 79% des personnes qui ont eu recours à Dignitas étaient atteintes de maladies incurables comme le cancer, la sclérose en plaques ou des affections cardio-vasculaires. Cette proportion est de 67% chez Exit. Les autres patients étaient pour la plupart des personnes âgées fatiguées de vivre. Les personnes atteintes de maladies psychiques représentaient 2% chez Exit avec trois cas de dépression et 3% chez Dignitas avec 5 cas de dépression et 4 de névroses ou psychoses.
La proportion de femmes a par ailleurs augmenté pour atteindre, entre 2001 et 2004, 65% chez Exit et 64% chez Dignitas. Chez Exit, la moyenne d’âge des personnes "accompagnées" est de 77 ans contre 65 ans chez Dignitas. Chez Exit, 3% des personnes viennent de l’étranger contre 91% chez Dignitas.
Globalement, depuis 2000, le nombre de suicides assistés a sensiblement augmenté en Suisse. Au regard de cette étude, le psychiatre et gérontologue Christian de Saussure s’inquiète de l’évolution dramatique selon laquelle le nombre de personnes fatiguées de vivre qui ont recours au suicide assisté augmente : "si être fatigué de la vie est une justification suffisante pour avoir recours à l’aide au suicide, c’est un fiasco total de ce que l’on peut offrir aux personnes âgées". "La souffrance morale devrait au contraire être une contre-indication à la demande. Je crains une banalisation de la demande d’aide au suicide et à une augmentation des pressions socio-économiques", conclut-il.
Le Temps (Catherine Cossy) 05/11/08 – Bio Edge 08/11/08