Le 17 juillet, Florian Willet, directeur général et vice-président de l’organisation The Last Resort a indiqué que la « capsule » de suicide assisté Sarco pourrait être utilisée « très bientôt » pour la première fois en Suisse (cf. Suisse : la « capsule » pour suicider soulève de nombreuses questions, y compris juridiques).
The Last Resort est une organisation d’assistance au suicide créée il y a quelques mois, et financée par des dons privés. Fiona Stewart, sociologue, avocate et membre fondatrice, est la compagne de Philip Nitschke, le concepteur de la « capsule Sarco » (cf. Une machine imprimable en 3D pour s’euthanasier à domicile). Elle a notamment cosigné avec lui The Peaceful Pill Handbook, un livre qui donne des « conseils pratiques » pour se suicider en ayant recours à des poisons ou des gaz. Elle est aussi l’ancienne PDG d’Exit International, une organisation qui promeut le suicide assisté, créée par Philip Nitschke.
« Démédicaliser le suicide assisté »
The Last Resort entend « démédicaliser le suicide assisté » explique Fiona Stewart. « Ni médecin, ni médecine ne sont nécessaires » avec la « capsule » indique Florian Willet.
L’an dernier, le système Sarco aurait été testé à Rotterdam, sans utiliser d’êtres humains ni d’animaux, a précisé la fondatrice de l’organisation d’assistance au suicide.
Les candidats devront se soumettre à un examen psychiatrique, être capable de discernement, et avoir plus de 50 ans précise par ailleurs Fiona Stewart. Des exceptions pourraient toutefois être envisagées pour des personnes plus jeunes souffrant de maladies incurables a précisé la représentante de The Last Resort.
Aucune précision sur « la date et le lieu de la première utilisation »
« Nos avocats sont en contact avec plusieurs cantons, la décision du canton final n’a pas encore été prise » explique en outre Fiona Stewart. « Je ne veux certainement pas nommer la date et le lieu de la première utilisation » ajoute-t-elle. « Dès qu’il y aura une personne spécifique et que tout le monde sera au clair sur cette personne, nous pourrons continuer et définir un agenda » précise quant à lui Florian Willet (cf. Suisse : une capsule pour se suicider dès 2022 ?).
En appuyant sur un bouton situé dans la « capsule », la personne est censée déclencher la libération d’une importante quantité d’azote, ce qui doit provoquer sa mort par asphyxie.
L’azote a été utilisé aux Etats-Unis pour l’exécution d’un condamné à mort. Le procédé a entraîné son agonie et beaucoup de souffrances.
« Totalement surréaliste »
« C’est totalement surréaliste » a indiqué Jean-Jacques Bise, le co-président d’Exit Suisse (cf. Exit : les suicides assistés en hausse de 11 % en Suisse alémanique). Selon lui, la « capsule Sarco » pourrait modifier le cadre du suicide assisté en Suisse.
Alors qu’un premier suicide aurait été envisagé dans le Valais le 15 juillet, le médecin cantonal a interdit l’utilisation de la capsule sur le territoire de son canton. Une « mesure provisionnelle préventive dans un but de santé publique » prise dans l’attente « des renseignements et des informations plus conséquentes sur le dispositif et son utilisation » précise Cédric Dessimoz, le médecin cantonal adjoint. De son côté, le Ministère public schaffhousois a également émis des réserves.
Kerstin Noëlle Vokinger, médecin, avocate et professeur à l’université de Zurich, considère, quant à elle, que l’organisation s’expose à une possible condamnation en cas de procès si la « capsule » est utilisée en Suisse sans approbation de Swissmedic.
Complément du 19/07/2024 :
La capsule interdite dans un nouveau canton
Après l’interdiction dans le canton de Schaffhouse, celui du Valais a également interdit, « à titre préventif » l’utilisation de la « capsule à suicide Sarco ». Les autorités sanitaires se seraient « activées » suite aux informations parues dans les médias.
« Les autorités sanitaires valaisannes manqueraient d’informations sur le fonctionnement de l’appareil et sur le rôle du médecin dans le suicide assisté. » Cédric Dessimoz, médecin cantonal adjoint en Valais, affirme que Philip Nitschke n’est pas autorisé à pratiquer la médecine en Suisse. Ce qui « créerait des incertitudes juridiques supplémentaires ».
La « prudence » d’Exit Suisse
Par ailleurs l’organisation Exit Suisse a pris ses distances avec le dispositif. Selon elle, Sarco ne représenterait pas « une alternative valable aux méthodes d’euthanasie établies ». En Suisse, on dispose d’un moyen « sûr et largement accepté » avec le pentobarbital de sodium, argumente-t-elle. En outre, « la collaboration avec les médecins suisses », qui établissent l’ordonnance pour le produit létal, fonctionnerait « de manière fiable ».
Sources : Swiss info (17/07/2024) ; Le Temps, Lorène Mesot (17/07/2024) ; AFP (17/07/2024) ; 24 heures, Edgar Schuleravec ATS (17/07/2024) – Photo : Pixabay