En Suisse, un nombre croissant de personnes atteintes de maladies incurables font appel à une association spécialisée dans l’assistance au suicide, une pratique autorisée dans ce pays.
L‘année dernière 216 personnes ont reçu une aide au suicide avec les 2 associations répertoriées : Exit et Dignitas. Cette dernière prend en charge les patients ne résidant pas sur le territoire suisse. Elle a traité l’année dernière 138 cas dont 12 français.
En janvier dernier, un hôpital public de Lausanne a autorisé cette pratique dans l’enceinte de l’établissement : "nous avons seulement ouvert les portes de l’hôpital à Exit" explique le docteur Carlo Foppa, éthicien au sein de cet hôpital.
Pour le docteur Jérôme Sobel, président de l’association Exit, ouvrir un dossier pour une demande d’aide au suicide équivaut pour certains patients à un premier acte de soulagement. Il souligne que seulement un quart d’entre eux vont jusqu’au bout.
Alors que la Commission nationale suisse d’éthique débat des possibilités de recourir à l’euthanasie active, le travail d’Exit et de Dignitas, ne fait pas l’unanimité. Marco Vanotti, psychiatre, et l’un de ses opposants souligne que "la personne qui décide de se donner la mort avec l’accord de ses proches fait des ravages parmi les survivants. La prise de potion légale est perçue d’ordinaire par la famille comme un reproche". Ce psychiatre explique qu’en fin de vie, l’ambivalence des patients face à la mort est fréquente car le malade souhaite "mourir tout en s’accrochant désespérément à la vie". Il regrette que les "accompagnateurs d’Exit deviennent l’écran sur lequel se projette le désir de mourir des patients […] et qu’il manque quelqu’un sur qui projeter leur désir de vie". Il souligne enfin "qu’il y a beaucoup de gens qui meurent dans la dignité, avec les soins palliatifs". Cet avis est également partagé par François Rosselet, aumônier dans un hôpital qui reproche à Exit de s’approprier les mots nobles tels que dignité, compassion, autonomie ou liberté.
Pour expliquer la façon dont il concilie son rôle de médecin et le fait de donner la mort, le professeur Jérôme Sobel, président d’Exit fait un parallèle avec les gynécologues qui procède aux avortements. "Plus je pratique l’auto délivrance, plus je suis convaincu que c’est juste" explique-t-il.
Le Figaro (Aude Marcovitch) 18/02/06