Si la loi sur la fin de vie avait trouvé un consensus à l’Assemblée nationale en novembre dernier, cela n’a pas été le cas au Sénat. Le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, avait souhaité d’emblée un vote conforme. Cela a eu pour effet d’exaspérer les élus de gauche comme de droite. Ainsi François Autain (PC) dénonce "un consensus trompeur et fragile" estimant qu’"il manque à ce texte le droit de choisir sa fin". Jean-Pierre Godefroy (PS) regrette que cette proposition de loi soit "faite avant tout pour les médecins et continue de donner le dernier mot à la médecine".
Du côté de la droite, cette loi laisse un goût amer. Anne-Marie Payet (UDF) voit dans ce texte "de graves risques de banaliser un droit au suicide" et Gilbert Barbier (divers droite) craint d’entériner "un premier pas vers l’euthanasie active".
Alors qu’Anne-Marie Payet avait réussi à faire passer un amendement contre l’avis du gouvernement, Philippe Douste-Blazy obtenait au terme d’une deuxième délibération, de faire tomber l’amendement gêneur. Au milieu de la nuit les sénateurs UMP, restés seuls, votaient le texte par 161 voix pour, 0 contre et 7 abstentions.
Le Père Patrick Verspieren, directeur du département d’éthique biomédicale du Centre Sèvres, estime que cette loi était nécessaire mais qu’elle contient des ambiguïtés. Ces dernières avaient déjà été signalées par Mgr Ricard, président de la Conférence des évêques de France, dans sa déclaration de septembre 2004 "Accepter la mort, maintenir les soins auprès du malade", reprise dans un communiqué hier. Quand la loi parle de médication contre la souffrance qui peut "avoir pour effet secondaire d’abréger la vie", le Père Verspieren estime qu’il faudra "vérifier qu’il s’agit bien d’un effet secondaire, c’est-à-dire d’un effet non recherché". Sur la question de l’alimentation artificielle, il estime que la loi est juste car "toute personne a le droit de refuser des actions sur son corps quand elle peut exprimer sa volonté". Il dénonce en revanche que l’interprétation de cette loi puisse considérer l’alimentation artificielle comme un traitement médical. Il craint ainsi que l’on interprète le fait de maintenir l’alimentation artificielle comme "une obstination déraisonnable". Or estime t-il, il faut maintenir les soins de base.
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Le Monde (Patrick Roger) 14/04/05 – La Croix (Marianne Gomez) 14/04/05