Questions liées à l’ICSI : avis du Comité consultatif national d’éthique

Publié le 1 Mar, 2003

Dans son 75ème avis rendu public le 21 février 2003, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) lance une réflexion sur le recours, dans le cadre de la fécondation in vitro, à l’’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI). Chaque année en France, près de 10 000 enfants naissent grâce à l’Assistance médicale à la procréation (AMP) dont plus de la moitié par ICSI. 
Cette technique de fécondation in vitro (FIV) utilisée depuis 1992, permet de contourner la stérilité masculine en injectant directement un seul spermatozoïde (parfois un  précurseur de spermatozoïde) dans un ovocyte. L’ICSI évite ainsi le recours au don de sperme. Mais cette pratique soulève de nombreuses questions sur le plan médical, juridique et éthique d’autant qu’elle est pratiquée “sans qu’une expérimentation animale suffisante normalement requise pour l’adoption d’une thérapeutique nouvelle ait réellement eu lieu” rappelle Didier Sicard, président du CCNE.

 

Sur le plan médical

Les risques pour l’enfant sont réels.

– Risques liés à la méthode : l’ovocyte est préparé et subit un traitement. De son côté le spermatozoïde est sélectionné sur sa forme, sa taille et sa mobilité. L’injection forcée de ce spermatozoïde court-circuite le processus normal de pénétration de l’ovocyte et l’on ne connaît pas les répercussions de cette méthode sur l’embryon et le fœtus.

– Risques liés à la technique : le doublement des malformations congénitales (2,4% pour la FIV contre 1,2% pour les grossesses spontanées) fait de la FIV associée à l’ICSI une technique à risques. Quelques études commencent à paraître, notamment dans le New England journal of Medicine (mars 2002). Mais on ne peut évaluer la part de responsabilité de l’ICSI dans ces résultats liés à la FIV.

– Risques liés au matériel biologique injecté : les hommes infertiles sont plus souvent porteurs  d’anomalies chromosomiques et géniques. La probabilité de transmettre des maladies chromosomiques est donc plus élevée, outre le risque de transmettre des anomalies sexuelles responsables de stérilité potentielle.

– Risques liés à l’utilisation du (DPI)  diagnostic pré-implantatoire : certains préconisent  le recours au DPI avec  l’ICSI afin de vérifier qu’aucune maladie génétique n’est transmise à l’embryon.

 

Aux réserves liées à l’utilisation de l’ICSI s’ajoutent alors celles liées à la pratique du DPI (sélection d’embryon).

 

Sur le plan juridique

L’ICSI n’a jamais fait l’objet d’un débat parlementaire dans les lois de bioéthique de 1994. Un décret du 6 mai 1995 évoque simplement parmi les techniques d’AMP la micromanipulation d’ovocytes. Ce n’est que dans une circulaire encadrant les bonnes pratiques cliniques en 1999 que l’ICSI a été véritablement mentionnée en tant que technique d’AMP sans qu’aucune disposition ne soit prise quant à l’évaluation du risque encouru par les enfants qui en sont issus.

 

Sur le plan éthique

 “Les sages” s’inquiètent du manque de suivi des enfants nés par FIV. C’est pourquoi, ils recommandent “face aux risques liés à la FIV et à l’ICSI en particulier, la réalisation d’un suivi épidémiologique à long terme des enfants nés grâce à cette technique“. Le CCNE insiste sur l’importance d’évaluer ces pratiques afin de “ne pas rester dans l’incertitude“. Mais cette étude va engendrer des inquiétudes pour les familles et risque de stigmatiser les enfants concernés. Faudra-t-il informer les personnes nées par cette technique des risques particuliers qu’elles encourent ? 

Le CCNE conclue : l’ICSI “ne devrait pas être banalisée” comme elle l’est actuellement mais doit être réservée aux cas de stérilité masculine. 

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