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<p><strong>La levée de l’interdit ?</strong></p>
<p>La presse annonce le dépôt probable, en septembre, du projet de loi de réexamen des lois de bioéthique à l’occasion de la rencontre des parlementaires Alain Claeys et Claude Huriet avec le président Chirac. La légitimité des recherches scientifiques sur l’embryon humain constitue l’un des chapitres les plus importants et les plus controversés de ce réexamen. Doit-on au vu des spectaculaires promesses thérapeutiques de la biologie, réviser l’interdiction de toute expérimentation sur l’embryon humain ? Parmi les voix qui s’élèvent pour demander un encadrement très strict de ces travaux, la presse relaye celles de nombreux médecins et chercheurs. Il n’est plus question alors d’opposer deux principes essentiels : le respect de la vie dès son commencement et le droit de ceux qui souffrent à mettre en œuvre toute recherche susceptible de lutter contre leurs maux. Mais il s’agit plutôt de faire le point sur la légitimité des projets de recherche en cours et leur valeur scientifique. Parmi ces voix citons celle de Jacques Testart qui porte un jugement sévère sur ces projets. « L’avènement de la fécondation in vitro a été l’occasion de constituer des embryons humains séjournant temporairement hors du corps féminin. Les perspectives ainsi ouvertes d’intervention directe sur ces embryons sont apparues progressivement » (1) .</p>
<p>La production croissante d’embryons (dûe au nombre croissant de couples traités par FIV et du nombre d’ovules recueillis), la diminution du nombre d’embryons transférés pour limiter les grossesses multiples et la possibilité de conserver les embryons non transférés, portent à 35000 le nombre d’embryons ainsi congelés chaque année. Le « matériel » utilisable par la recherche est donc abondant (100 000 aujourd’hui) même Gène Ethique – n° 5 – mai 2000 si la loi interdit la création d’embryons à des fins de recherche…</p>
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<p><strong>Pour quel enjeu ? </strong></p>
<p>Pour J. Testart les chercheurs affirmant depuis plusieurs années « qu’il est urgent de réaliser certains travaux utilisant des embryons humains » n’ont aucune proposition qui justifie une telle démarche. « Parmi toutes ces propositions pour l’usage des embryons humains, beaucoup frôlent le non-sens ou la mauvaise foi, et aucune ne correspond à un véritable projet de recherche sur l’embryon. » Même si maintenant des perspectives nouvelles de traitement apparaissent et semblent plus motivantes que les vagues projets d’il y a quelques années, « il serait éthiquement inacceptable de ne pas procéder préalablement à des essais à partir d’embryons animaux, et en particulier de primates. » </p>
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<p>Enfin les récentes recherches portant sur les cellules souches découvertes dans les tissus d’adultes ouvrent des espoirs thérapeutiques aussi intéressants que les cellules embryonnaires et ont l’avantage de ne pas engager l’embryon humain. </p>
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<p>Rien ne justifie donc pour l’instant la levée de l’interdiction des recherches sur l’embryon. Tout se passe donc comme si « l’enjeu véritable n’était ni la connaissance ni la médecine mais l’emprise de l’humanité sur tous les stades de son être. » Le débat semble donc plus idéologique que scientifique.</p>
<p>(1) J. Testart cité dans le Quotidien du Médecin 3/4/2000</p>