Le Pr René Frydman est interrogé dans le quotidien Le Monde sur l’avenir de la procréation assistée.
Les perspectives "les plus fascinantes" pour lui concernent la recherche sur les cellules souches, notamment celles embryonnaires. Il considère qu’"aujourd’hui, avec une dizaine d’embryons humains conçus in vitro, nous obtenons une lignée stable et immortelle de cellules souches". Le défi serait de faire transformer in vitro ces cellules souches en gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) ainsi "le nombre potentiel de descendants conçus in vitro n’aurait plus de limite". Mais cette "forme d’immortalisation de la fertilité" soulèverait une série de problèmes éthiques…
Pour le Pr Frydman, les recherches sur les cellules souches embryonnaires sont "déjà à la charnière entre assistance à la procréation et thérapie" bien qu’il soit difficile pour le moment d’envisager concrètement ces perspectives thérapeutiques, reconnaît-il.
Si le taux de réussite de la fécondation in vitro s’est bien amélioré depuis le premier bébé éprouvette (Amandine en 1978), il est au mieux de 50 % pour les couples jeunes sans handicap majeur. Pour mieux faire, il faut renforcer la connaissance du développement des ovocytes et des spermatozoïdes.
Le Pr Frydman évoque de possibles méthodes pour rendre le traitement de fécondation in vitro moins contraignant pour la femme mais jusqu’à maintenant elles ne sont pas satisfaisantes. Après les trois grossesses menées en Belgique et en Israël avec prélèvement, cryoconservation et réimplantation de tissus ovariens, le Pr Frydman attend cinq ans pour dire "s’il s’agit d’une solution efficace ou anecdotique".
Quant au projet d’un utérus artificiel, le Pr Frydamn est assez sceptique sur la réalisation d’un tel système étant donné la complexité de développement de l’embryon dans le ventre maternel. "Il me semble que le fait de porter un enfant au sein d’un utérus maternel restera (…) la seule et unique manière d’assurer notre descendance".
Le Monde (Jean-Yves Nau et Albert Alberganti) 02/07/06