« Nous refusons absolument le monde qui se dessine sous nos yeux. » Dans une tribune pour le journal Le Figaro, François-Xavier Bellamy, philosophe et député européen, et Loïc Hervé, vice-président des Centristes, qualifient la généralisation du passe sanitaire de « rupture historique pour notre modèle de société ».
« S’opposer au pass sanitaire n’est pas être antivaccins », tiennent-ils à rappeler. « Ce que nous n’acceptons pas, et n’accepterons jamais, c’est la transformation de nos vies quotidiennes, de nos relations humaines, de notre modèle de société, qui s’accomplira de manière certaine et potentiellement irréversible par la mise en œuvre du pass sanitaire, affirment-ils. Pour la première fois dans notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour effectuer les actes les plus simples du quotidien – prendre un train, entrer dans un magasin, aller au théâtre… L’accès à un espace public sera différencié selon nos données de santé. »
« Retrouver la liberté » ?
« Le serveur d’un bistrot sera sommé de vérifier la vaccination et la pièce d’identité d’un client pour pouvoir servir un café; les mariés devront demander un QR Code à leurs invités avant de les laisser entrer… » François-Xavier Bellamy et Loïc Hervé dénoncent un « nouveau monde où l’État contraindra chaque citoyen à contrôler son prochain pour déterminer ses droits » et où « la police viendra sanctionner ceux qui n’auront pas participé efficacement à ce contrôle permanent ». « Qui peut prétendre qu’un tel dispositif permet de “retrouver la liberté” ? », interrogent-ils. Au contraire, il s’agit selon eux d’« un précédent redoutable en matière de contrôle permanent et de droits différenciés, en particulier au regard des enjeux majeurs touchant la santé et la bioéthique dans les années qui viendront ».
« Ne pensez surtout pas que, parce que vous êtes vacciné, vous aurez “une vie normale“ », alertent-ils. Car « quand on doit présenter dix fois par jour un document de santé et sa carte d’identité, pour acheter une baguette ou faire du sport, on n’a pas retrouvé la liberté. Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas “une vie normale“. »
Une « révolution » « sans vrai débat parlementaire »
Alors ils interrogent : « comment une telle révolution peut-elle s’opérer avec une justification si faible, sans vrai débat parlementaire, et en caricaturant tous ceux qui osent s’en inquiéter ? » En effet, « lorsque le pass sanitaire a été créé, le gouvernement jurait que jamais il ne conditionnerait l’accès à des actes quotidiens – seulement à des événements exceptionnels réunissant des milliers de personnes », rappellent-ils. Pour les auteurs de la tribune, « le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté ».
Défendre « un bien commun essentiel »
A-t-on un autre choix ? Le pass sanitaire est-il généralisé pour éviter un nouveau confinement ? Un « chantage » « absurde » selon François-Xavier Bellamy et Loïc Hervé. En effet, « dès lors que les plus vulnérables sont vaccinés, il n’y a aucune raison de revenir au confinement », estiment-ils. « Nous n’avons pas à choisir entre deux manières inutiles et dangereuses d’abandonner la liberté. » Car il s’agit de défendre « un bien commun essentiel ».
« Face aux modèles autoritaires qui triomphent ailleurs dans le monde, l’Europe et la France doivent montrer qu’une action publique efficace, même en période de crise, n’impliquera jamais d’abandonner les règles intangibles qui fondent nos démocraties », interpellent François-Xavier Bellamy et Loïc Hervé. « Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes, mais des principes qui nous obligent. »
Source : Le Figaro, François-Xavier Bellamy et Loïc Hervé (14/07/2021)