Projet de loi bioéthique : une atteinte « à la fois physiquement et ontologiquement, à ce qui constitue le cœur de notre condition humaine »

Publié le 28 Juin, 2021

« La gravité de ce qui se joue aujourd’hui reste sous-estimée. » Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, Elisabeth Geffroy et Pierre Manent, professeurs de philosophie, et François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie et député au Parlement européen, alertent sur le projet de loi de bioéthique en passe d’être voté par l’Assemblée nationale demain (cf. Le Sénat rejette le projet de loi bioéthique : « nous n’avons pas la même conception de la personne humaine »). Les informations diffusées sur le texte sont perçues comme : « un tissu de désinformation complotiste », dénoncent les auteurs de la tribune.

Ils expliquent que les : « chimères homme-animal, embryons transgéniques, ciseaux génétiques Crispr-Cas9, “bébés-médicaments”, autoconservation des ovocytes sans motif médical, gamètes artificiels… […] touchent, à la fois physiquement et ontologiquement, à ce qui constitue le cœur de notre condition humaine ». Et « menacent l’intégrité et la protection de notre identité génétique : via la technique du ciseau moléculaire, on fabriquera désormais des embryons transgéniques, par suppression et remplacement de morceaux d’ADN créant des modifications génétiques transmissibles à la descendance – sans que personne ne maîtrise les mutations ultérieures… » (cf. Editer le génome : des conséquences imprévisibles ?).

Cette « violation de la frontière entre les espèces » révèle, selon eux, une « renonciation supplémentaire au principe du respect de la personne comme fin en soi, une objectivation des êtres humains utilisés comme moyens », notamment dans le cas des « bébés-médicaments ». Ainsi, la France « consent d’avance à toutes les mutations que la science permettra, [et] renonce au principe même de la responsabilité politique, qui est de décider de la règle commune ». Les philosophes déplorent un projet cautionnant implicitement le recours à des méthodes qui privilégient l’argument économique à l’éthique. Et une suppression des garde-fous bioéthiques dans une époque où pourtant : « l’étendue inédite de notre capacité technique, loin de nous rendre maîtres de notre destin, nous oblige aujourd’hui à un immense effort pour reprendre le pouvoir sur notre propre pouvoir ».

 

Source : Le Monde, Pierre Manent, François-Xavier Bellamy, Elisabeth Geffroy (28/06/2021) – Photo: iStock

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