Pour un meilleur financement de la recherche médicale

Publié le 26 Avr, 2011

Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, fondateur et directeur honoraire de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée, lauréat du Grand Prix Inserm 2009, publie dans Libération  une tribune où il prône, après les polémiques entourant la dernière édition du Téléthon, un "débat serein" sur le financement de la recherche en France.

Il note en effet une grande vulnérabilité financière de la recherche publique face au Téléthon : alors que le budget annuel de l’Association française contre les myopathies (AFM) s’élève à 90  millions d’euros par an, l’Inserm doit couvrir tous les domaines de la recherche médicale avec 140 millions d’euros (hors salaires et en recul par rapport à 2010). Un bon laboratoire doit trouver à l’extérieur de son organisme 60 à 80% de son budget. De telles difficultés rendent l’AFM très attractive et renforcent chez les chercheurs "la tentation de travailler sur des thèmes qui rapportent".

Il constate une "mise sous tutelle" de la recherche médicale par les médias, avides de spectaculaire et de promesses de guérison. "Umberto Ecco explique qu’un bon chercheur ne doit pas promettre n’importe quoi pour attirer investisseurs et médias, car il réduit la frontière entre le scientifique et le magicien, rendant grande la tentation de préférer ‘la copie à l’original’", rappelle-t-il.

Par ailleurs, le Téléthon ne finance la recherche que de peu de maladies quand un grand nombre de pathologies ne reçoivent qu’un financement caritatif dérisoire. "Comment sont choisies les maladies ‘primées’" par le Téléthon ? s’interroge-t-il encore. "Sont-elles choisies quand une thérapie semble possible, afin de permettre au Téléthon d’engranger le bénéfice télévisuel de travaux ayant pris des années d’efforts, notamment par les structures publiques de recherche ?" Il souligne en outre que la thérapie génique, sur laquelle le Téléthon fait peser tous ses espoirs, est discutable, notamment pour les maladies neurologiques. En effet, pour transformer les avancées de la génétique en thérapies, il faudrait développer les expertises en physiologie, biochimie, anatomopathologie, etc. autant de disciplines qui sont "asséchées à cause d’un pilotage de la recherche par le court terme".

Pour améliorer le financement de la recherche médicale et favoriser une meilleure répartition, Yehezkel Ben-Ari fait donc plusieurs propositions; parmi celles-ci, permettre une meilleure coordination entre la recherche publique, le Téléthon et les autres associations caritatives. Ou encore : " Considérant que les succès du Téléthon viennent pour l’instant d’autres maladies que ses cibles historiques, le Téléthon pourrait choisir des projets mûrs pour l’exploitation clinique et se concentrer sur la thérapie de quelques maladies handicapantes rares, mais de façon explicitée."

Libération 26/04/11

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