Vivant cela comme une épreuve, de nombreux couples mettent fin à leur parcours de PMA sans avoir eu d’enfant. Certaines femmes se sentent considérées comme « des numéros ». « Des chiffres fondus dans les taux de réussite des centres d’AMP ».
La PMA en France
En France, la PMA est ouverte à toutes les femmes jusqu’à 45 ans (cf. Promulgation de la loi de bioéthique le 2 août 2021). De plus, la sécurité sociale prend en charge six inséminations et quatre tentatives de FIV jusqu’à 42 ans révolus. Mais certaines ne vont pas au bout de la procédure.
Selon des statistiques de 2019 publiées par l’Institut national d’études démographiques (INED), « en cas d’échec de la première FIV, 27% des couples arrêtent leur traitement dans le centre d’AMP sans faire de deuxième FIV. Les arrêts de traitement sont encore plus fréquents après la deuxième FIV (34%) et la troisième FIV (42%) ».
Par ailleurs, une étude de 2016 révèle que huit ans après le début du traitement par FIV, 71% des femmes ont réalisé leur « projet parental » mais seulement 48% par la FIV ou après un traitement médical. Les autres par adoption ou grossesse « naturelle ».
« Mon corps a été vu et touché par tellement de personnes »
Selon le Dr Mikaël Agopiantz, gynécologue et chef de service AMP, plusieurs facteurs expliqueraient l’arrêt de la procédure, notamment les « changements de situation personnelle », les dons de gamètes refusés pour des raisons philosophiques ou religieuses et, le plus souvent, les tentatives vaines, les fausses couches ou les « grossesses arrêtées ».
D’autres raisons sont relatées à travers le témoignage de plusieurs femmes. Elise dénonce les faux espoirs donnés par les médecins qui n’hésitent pas à dire « on va vous donner un bébé ». Quant à Maud, elle relève une « entrée naïve dans le parcours » s’imaginant dès le début repartir avec un bébé. « Mon corps a été vu et touché par tellement de personnes… Je l’ai mal vécu et j’éprouve désormais une certaine appréhension à me rendre à l’hôpital ou à voir un gynécologue » témoigne-t-elle. En effet, certaines se sentent « humiliées », « brutalisées » ou encore « infantilisées » par le corps médical.
Ce « tunnel thérapeutique », selon les mots de Sarah, est rythmé d’examens, d’interventions, d’attente et de traitements avec des « effets secondaires difficiles à supporter », selon Maud. « On nous donne l’impression que désormais, la PMA est notre vie et qu’il faut aller jusqu’au bout » regrette de son côté Marie qui a réalisé six inséminations et quatre FIV sans succès. « Un tunnel sans respiration ni échappatoire ». Un enchaînement de protocoles avec un manque d’accompagnement psychologique.
Arrêter la procédure : « Un soulagement »
Chacune des femmes dont le témoignage a été recueilli évoque « un soulagement » après l’arrêt de la procédure même si le passage à vide qui suit peut entraîner des symptômes dépressifs ou anxieux.
Certaines se sont posé la question de l’adoption mais cette nouvelle démarche entraîne « la crainte de revivre des difficultés et des désillusions rencontrées durant le parcours PMA ».
Source : Slate, Elles ont mis fin au parcours PMA sans avoir d’enfant: six femmes témoignent, Laure Dasinieres (31/01/2023) – Photo : iStock