PMA : un business pas très scientifique

Publié le 14 Fév, 2017

Stéphane Viville, « spécialiste de l’infertilité »[1], publie une tribune dans le Monde dénonçant « certains examens (…) proposés, à la charge des patients, dans un grand nombre de centre de fécondation in vitro français » dont l’ « intérêt réel et la fiabilité » ne sont pas avérés. Il s’oppose à la revendication d’un certain nombre de ses collègues « de réaliser des tests génétiques étendus permettant une analyse complète du génome des embryons produits par FIV » (cf. PMA : 130 médecins et biologistes “hors la loi” réclament un plan infertilité).

 

« Dans nombre de pays la pratique de l’AMP est avant tout un business lucratif », constate-t-il. Certains couples « sont prêts à dépenser sans compter pour atteindre leur but » : « avoir » un enfant. Ainsi le « désir d’enfant » de ces couples entretient le marché de la PMA, et l’ « offre d’innovations, améliorant prétendument le taux de grossesses et réduisant les délais d’obtention de naissance d’enfants vivant, ne cesse de croitre ». Mais « pour la vaste majorité » de ces nouveaux tests, « aucune donnée robuste ne démontre qu’ils apportent un bénéfice tangible et avéré dans la prise en charge des couples ».

 

Faisant référence aux demandes répétées du Professeur Frydman, Stéphane Viville se dit lui aussi « favorable à un ‘plan contre l’infertilité’ » mais refuse de justifier l’extension du dépistage préimplantatoire du fait risque accru d’anomalies chromosomiques actuellement dépistées lors du troisième de grossesse (cf. Plaidoyer pour étendre les indications du DPI) . L’intérêt médical des tests génétiques que souhaitent utiliser plus largement le professeur Frydman n’a pas été démontré par des « données scientifiques fortes » : « toutes les études ‘démontrant un effet positif de cette analyse le font sur la mesure de l’efficacité à la suite d’un transfert d’embryons et non sur la prise en charge globale du couple. Les études prenant en compte ce critère concluent au mieux à l’absence d’effet, au pire à un effet délétère », explique Stéphane Viville.

 

Il explique en outre que les « embryons précoces » seraient « dotés d’un pouvoir de réparation considérable », mal connu mais qui expliquerait que « même lors de transferts d’embryons présentant des aneuploïdies mosaïques[2], des grossesses normales peuvent advenir » (cf. « L’embryon possède une capacité remarquable pour s’auto-corriger »). De ce fait, « la comparaison des embryons précoces obtenus par FIV et des fœtus de 3 mois ne tient pas ». Enfin, les échecs d’implantation ne sont pas tous dus à des anomalies de l’embryon, « bien d’autres raisons peuvent expliquer ces échecs ».

 

[1] Professeur des universités, praticien hospitalier (PU-PH) à la faculté de médecine et au CHU de Strasbourg, ancien chef de service du laboratoire de biologie de la reproduction et ancien chef de service du premier centre de diagnostic préimplantatoire. Chercheur à l‘Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC), il est favorable à la recherche sur l’embryon humain.

[2] Embryons formés à la fois de cellules normales et anormales.

Le Monde, Stéphane Viville (15/02/2017)

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