Pilule : une étude confirme le manque de déclarations d’effets secondaires par les professionnels de santé

Publié le 14 Jan, 2013

 Une étude, récemment "réalisée par un hôpital universitaire français qui a consulté ses archives" confirmerait que "trop de médecins sous-déclareraient encore les effets secondaires de la pilule aux centres régionaux de pharmacovigilance". Pour mener l’étude à bien, des experts ont donc "regardé tous les cas d’embolie pulmonaire, de thrombose veineuse ou d’AVC survenus chez les femmes de la régions" où se situe ledit hôpital. Ainsi, "l’établissement a passé au crible toutes les patientes âgées de 15 à 25 ans qui ont eu l’une de ces trois maladies", et les experts "ont ensuite comparé leurs résultas aux déclarations d’effets indésirables (ce que l’on appelle la pharmacovigilance) liés à la pilule et réalisés par les médecins de la région".
Bilan, le journaliste précise que "l’intuition de ces experts était bonne puisque sur 47 cas, seuls 6% ont fait l’objet d’une déclaration". A ce titre, un expert explique: "non seulement les médecins déclarent peu les effets indésirables liés aux médicaments mais dans le cas de la pilule c’est encore pire puisque les effets secondaires sont connus depuis longtemps […]. L’embolie pulmonaire chez une jeune fille de 17 ans qui fume et qui prend la pilule depuis six mois c’est hyperclassique. Du coup, ils ne le déclarent pas". Par conséquent, poursuit le journaliste, "ces cas ne sont pas répertoriés par la pharmacovigilance". De plus, un expert déplore le fait que lorsque "les médecins ont l’impression d’avoir fait une erreur, d’avoir donné un médicament pas adapté ou quand il n’ont pas respecté les indications, il ne font pas de déclaration de pharmacovigilance", ajoutant qu’ "ils préfèrent cacher le problème sous le tapis". 
Plus généralement, le journaliste explique que "de 17 063 déclarations aux centres de pharmacovivilance en 2000, la France est passée à 36 031 en 2011". Mais, poursuit-il, "il faut parfois avoir les reins solides pour faire face aux laboratoires". Car il est repproché aux médecins qui déclarent des effets secondaires au centre de pharmacovigilance de "mettre en cause un laboratoire". Ainsi, en est-il d’un médecin qui, après avoir effectué une déclaration d’effets secondaires, " a été mis en examen par un juge parisien dans le cadre d’une plainte en diffamation du laboratoire Servier". Un avocat précise que cela "peut faire jurisprudence et que pour décourager les médecins de faire des déclarations de pharmacovigilance, les laboratoires pourront utiliser l’arme de la plainte en diffamation". Par conséquent, termine l’article, "si la mise en examen est quasi automatique dans les affaires de diffamation, par sûr que beaucoup de médecins soient tentés par l’expérience".

 Le Figaro (Anne Jouan) 15/01/13 – AFP 14/01/13

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