Patients en coma profond : des ultra-sons pour les réveiller

Publié le 1 Fév, 2021

A Los Angeles, deux patients en coma profond se sont réveillés après un traitement novateur. Le premier est un homme de 56 ans, « incapable de communiquer » depuis 14 mois, suite à un accident vasculaire cérébral qui l’a laissé dans un état de conscience minimale. La seconde est une femme de 50 ans, victime d’un arrêt cardiaque deux ans avant, incapable de reconnaître le moindre objet. Des chercheurs de l’UCLA (University of California, Los Angeles) ont testé sur ces patients un traitement novateur, qui consiste à stimuler le thalamus à l’aide d’ultra-sons. Cette zone en forme d’œuf « sert de hub central au cerveau pour fonctionner ». « Après un coma, la fonction du thalamus est généralement affaiblie », explique Martin Monti, professeur de psychologie et de neurochirurgie à l’UCLA, qui a dirigé les équipes de recherche.

L’équipe n’en n’est pas à son premier essai. En 2016, déjà, un jeune homme de 25 ans s’était réveillé du coma juste après le traitement de Martin Monti. Celui-ci avait reconnu un « petit miracle », tout en notant que cela « reposait sur une part de chance », pour ce cas précis. Dans cette nouvelle étude, Martin Monti a traité trois patients qui n’avaient plus aucune chance de retrouver un état de conscience, et deux d’entre eux ont vu leur cerveau se relancer, « balayant toute présomption de chance ». Le professeur juge en effet « très peu probable » que ces deux guérisons de patients chroniques « soient simplement dues à une guérison spontanée ». Cela rend, selon lui, le nouveau résultat « beaucoup plus significatif ». Il ajoute que les récupérations spontanées se font généralement « lentement, sur plusieurs mois et plus généralement des années », alors que les deux patients soignés ont eu une amélioration significative dès les premiers jours suivant le début du traitement. Cette étude a été publiée le 15 janvier dans la revue Brain Stimulation.

Les médecins ont utilisé un petit appareil créant une « sphère d’énergie acoustique » qui peut cibler précisément des zones du cerveau, « pour stimuler les tissus ». Sur les trois patients test, ils ont activé l’appareil en direction du thalamus, « 10 fois pendant 30 secondes chacune sur une période de 10 minutes ». Les patients ont réalisé deux séances à une semaine d’intervalle. Si l’un des patients n’a retiré aucun bénéfice du traitement, les deux autres ont eu une amélioration fulgurante de leur état de conscience, « dès les jours qui ont suivi le premier traitement ». L’homme de 56 ans a retrouvé sa capacité à « répondre de manière cohérente » à deux commandes distinctes : attraper ou lâcher une balle, regarder en direction de photos de ses proches selon le nom qu’on lui mentionnait. Il a également réussi à répondre oui ou non avec la tête à des questions simples telles que son nom ou celui de son épouse. Peu après la deuxième séance, il a même pu « utiliser un stylo sur du papier et porter une bouteille à sa bouche », ainsi que « communiquer et répondre à des questions ». Ces comportements sont « des marqueurs diagnostiques de l’émergence d’un trouble de la conscience » explique Martin Monti.

Quant à la seconde patiente, pour la première fois « depuis des années », elle a pu reconnaitre un crayon, un peigne et d’autres objets. « Ce qui est remarquable, c’est que les deux ont présenté des réponses significatives quelques jours seulement après l’intervention. C’est ce que nous espérions, mais c’est stupéfiant de le voir de vos propres yeux ».

Ce traitement semble très bien toléré par les patients, aucun effet secondaire n’a été identifié. L’objectif des chercheurs en poursuivant les travaux est « d’aboutir à la confection d’un appareil portable peu coûteux », même s’il va falloir attendre encore « quelques années » pour que ce type de dispositif « soit disponible au public » conclut le professeur Monti.

 

Sources : Medical Press, University of California, Los Angeles (27/01/2021) – Pourquoi Docteur, Jean-Guillaume Bayard (28/01/2021) ; Photo : Pixabay\DR

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