Objection de conscience, tolérance et totalitarisme

Publié le 28 Fév, 2007

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L’objection de conscience

L’objection de conscience consiste à refuser d’obéir à une loi civile jugée en conscience gravement injuste. Si un accord général existait depuis des siècles sur les valeurs essentielles qui fondaient l’autorité politique et les équilibres sociaux, aujourd’hui ces valeurs sont soumises à une constante remise en question théorique et pratique. Dans un monde marqué par le relativisme, la tolérance s’est transformée au point de devenir un véritable instrument politique qui contient en lui même de redoutables forces de totalitarisme et d’exclusion.

Tolérance idéologique

L’acte de refuser en conscience d’obéir à une loi injuste se réalise aujourd’hui dans ce contexte de tolérance  idéologique qui, par nature, n’est pas disposé à le supporter. La société idéologiquement tolérante ne peut tolérer l’objection de conscience, car celle-ci échappe à son empire.

En disant « toutes les opinions se valent », le « tolérant idéologique » affirme comme une règle générale ce qui n’est jamais qu’une opinion parmi d’autres, selon sa propre affirmation. Il ne peut sortir de cette impasse que par la violence qui lui fait dire : si vous me contredites quand je dis que toutes les opinions se valent, vous êtes un dangereux intolérant à combattre par tous les moyens. La tolérance idéologique veut s’imposer à tous.

Ce que la tolérance ne peut tolérer

Une société tolérante ne peut tolérer ce qui met en péril son équilibre instable et contradictoire, à savoir qu’il existe une vérité à chercher et que cette vérité puisse avoir un caractère universel. Dès lors, tout débat de fond doit être évacué, privé d’implications éthiques  et transformé en échange d’idées relatives. Ainsi, l’affirmation positive de la dignité de l’homme comme vérité valable pour tous est rejetée ; tout devient alors possible sauf de respecter l’homme inconditionnellement.

Le cas de l’avortement

C’est ainsi que dans la culture contemporaine, l’avortement est devenu un bien, non seulement pour la personne libre de le pratiquer, mais pour la société elle-même qui le permet, l’encourage, le promeut et le finance. L’idéologie qui a établi puis encouragé l’avortement, en le présentant comme un droit personnel des femmes, a privé la société de toute possibilité de réfléchir sereinement sur la question fondamentale du respect de l’embryon, par crainte justement que soit remis en question ce choix législatif. Ce faisant, elle n’a plus la capacité de faire face éthiquement aux défis que représentent un certain nombre de pratiques médico-chirurgicales et de manipulations liées à la recherche médicale.

De la tolérance au totalitarisme

L’exemple de l’avortement en France montre qu’une société tolérante ne peut tolérer que s’exerce en son sein un droit d’objection de conscience, car elle n’est plus en mesure d’accepter, en les honorant, les valeurs supérieures qui s’expriment en son sein. Elle choisit alors des valeurs consensuelles, dont certaines, la conduisent à la mort (1). Comment exercer cette objection de conscience ? A l’heure électorale, la question est concrète.

1. Histoire de l’objection de conscience et différentes acceptions du concept de tolérance – Prof. Jean Laffitte, Académie pontificale pour la Vie, XIIIe assemblée générale, 24 février 2007

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