En septembre prochain, les Néo-Zélandais doivent se prononcer par référendum sur une loi légalisant l’euthanasie. Votée par le Parlement en novembre 2019, sa mise en vigueur dépendra de l’issue du scrutin. Leur vote décidera s’ils acceptent ou refusent « le droit des personnes à demander une mort assistée, sans consultation de la famille et sans autre délai que l’obligation de préparer les médicaments dans les 48 heures ». En outre, « la loi permettrait aux personnes de choisir le moment de leur décès et les moyens par lesquels elles souhaitent mourir, que le médicament soit auto-administré ou administré par des cliniciens dûment qualifiés ».
A l’approche du scrutin, la sociologue Rhona Winnington déplore que beaucoup de néo-zélandais n’aient pas conscience des problématiques qu’impliquera cette loi. « Mes recherches montrent qu’une mort assistée peut avoir des répercussions sur de nombreuses personnes – celles qui sont laissées pour compte ou celles qui sont aux prises avec une maladie chronique ».
Prenant l’exemple des Pays-Bas, où l’euthanasie est légale depuis 18 ans, elle observe qu’ « au fil du temps, les critères à remplir ont connu des dérapages notables », que ce soit au sujet du « niveau de souffrance physique » permettant l’euthanasie, comme des compétences requises pour la personne donnant la mort. L’interprétation de la loi initialement votée a été de plus en plus permissive, conduisant notamment à proposer l’euthanasie à des personnes atteintes de maladie mentale. Les chiffres illustrent ce dérapage : aux Pays-Bas « une personne sur 30 meurt aujourd’hui par euthanasie, contre une sur 90 lorsque la loi a été introduite en 2002 ».
La sociologue dénonce encore qu’ « aux États-Unis, certaines compagnies d’assurance médicale prennent en charge la mort médicalement assistée mais pas les soins palliatifs », ce qui retire à la personne assurée « toute liberté de choix et d’autonomie » concernant sa fin de vie.
Enfin au Canada, où l’euthanasie est légale depuis quatre ans, le nombre de personnes demandant l’euthanasie a « plus que doublé d’une année sur l’autre ». Cette légalisation « a eu des conséquences inattendues, telles que la peur d’être jugé pour avoir laissé des membres de la famille sans soutien après une mort médicalement assistée et la stigmatisation des cliniciens, qu’ils soutiennent ou non les personnes qui choisissent le moment de leur mort ».
La sociologue craint encore l’effet de contagion d’une loi légalisant l’euthanasie. Elle redoute tout particulièrement « que les personnes souffrant de maladies chroniques se sentent obligées de demander une aide à mourir si elles estiment que cela représente un fardeau pour leur famille ».
Pour aller plus loin :
Nouvelle Zélande : loi sur l’euthanasie et objection de conscience
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[Reportage] « Euthanasie, une pente glissante ? » Sans aucun doute
The Conversation, Rhona Winnington (09/07/2020)