« A toujours évoquer la dignité quand il s’agit de la mort choisie et anticipée, on finira par ancrer dans l’inconscient collectif que seule cette façon de mourir est respectable ». Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, l’oncologue Gisèle Chvetzov, professeure de médecine palliative au centre Leon Bérard à Lyon, s’insurge contre la proposition de loi portée par Olivier Falorni et revient sur ses fondements.
Si certains politiques présentent l’euthanasie comme une réponse libératrice à une demande unanime des patients en fin de vie, la réalité est toute autre, défend-elle : minoritaires sont ceux qui persistent dans la demande d’en finir. « Les rapports officiels des Etats dans lesquels l’euthanasie est possible montrent que c’est la perte d’autonomie, la perte de sens, le sentiment d’indignité, le sentiment d’être une charge, la peur de le devenir ou de souffrir qui en sont le moteur, bien plus que les symptômes physiques. Sans compter le nombre croissant de patients américains qui demandent à recourir au suicide assisté par manque de moyens pour assumer le coût de leurs soins ». La dignité ne peut elle seulement être celle de celui qui décide de sa mort, et le courage celui du passage à l’acte décidé ? Car la plupart des malades accompagnés en soin palliatifs ne demandent pas à accélérer la fin, mais vivent jusqu’au bout, accompagnés et portés par leurs proches et leurs soignants. On notera également qu’au nom du progressisme et du libéralisme, il faudra être « entrepreneur de sa mort ». Une telle loi met en échec la médecine qui doit guérir et le cas échéant faire mourir.
« Nous sommes oncologues, médecins, professionnels de soins palliatifs, soignants, philosophes de la santé. Nous refusons d’être le bras armé de cette idéologie mortifère. Nous ne pratiquerons ni ne cautionneront ce geste », affirment avec fermeté les signataires de cette tribune.
Source : Le Monde (08/04/2021)