L’Institut Curie, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) ainsi que l’Institut Gustave Roussy viennent de faire opposition à un second brevet sur un test de dépistage déposé par la société américaine Myriad Genetics auprès de l’Office européen des brevets (OEB). Ce brevet, comme le précédent déjà contesté en octobre 2001, concerne une méthode pour le diagnostic d’une prédisposition au cancer du sein et de l’ovaire, associé au gène BRCA1, et porte sur 34 mutations spécifiques de ce gène. La firme exige donc que l’ensemble des laboratoires de la planète utilise ses tests de dépistage et refuse qu’ils fassent les analyses avec des stratégies différentes de la sienne. Outre les dérives financières liées à ce monopole, les experts de l’Institut Curie dénoncent le manque de fiabilité du test . Par ailleurs, les chercheurs soulignent que ce monopole entrave le développement de la recherche dans le domaine du cancer.
Les gouvernements belges et hollandais s’apprêtent eux aussi à déposer une opposition à ce même brevet auprès de l’Office européen des brevets. Enfin des universitaires américains, canadiens et australiens contestent les trop larges prétentions de Myriad. La procédure juridique risque de durer plusieurs années mais d’ici là les brevets restent valables. Or la firme a déjà déposé une demande sur un troisième brevet qui assure à Myriad l’exclusivité commerciale sur toutes les applications thérapeutiques futures, notamment la thérapie génique. Si tel était le cas, le coût des traitements des femmes atteintes d’une forme héréditaire du cancer du sein deviendrait rapidement inaccessible au plus grand nombre.
Le Quotidien du Médecin (Delphine Chardon) 25/02/02 – Le Figaro (Dr Catherine Petitnicolas) 25/02/02 – AP HP 22/02/02 – Le Monde (Jean-Yves Nau) 02/03/02