L’échographie obstétricale est née en 1958 avec l’image bidimensionnelle du fœtus in utero réalisée à Glasgow par un médecin anglais, le docteur Donald. Depuis, cette pratique est rapidement adoptée en France. En effet, l’échographie permet de dater avec une certaine précision le moment du début de la grossesse, d’identifier rapidement les grossesses multiples, de diagnostiquer des retards de croissance ou des malformations fœtales.
En France les femmes enceintes bénéficient de 3 échographies mais dans les autres pays européens une seule est conseillée. Notons, en effet, que l’échographie réalisée dans de bonnes conditions révèle en moyenne 50 à 60% des malformations. C’est pour cela que des associations professionnelles américaines commencent à récuser l’échographie de routine, compte tenu des résultats mitigés.
« Même si l’échographie apparaît rassurante, elle ne permet en aucune manière d’affirmer que le fœtus est strictement normal », précise le professeur Boog (service d’obstétrique et de médecine fœtale, Centre hospitalo-universitaire de Nantes).
Quel devenir ?
Le spectre de nouvelles demandes d’indemnisation pour des malformations non dépistées chez le fœtus in utero pousse l’ensemble de la profession des échographes-gynécologues-obstétriciens a rappelé que l’échographie n’est pas une pratique infaillible. En effet, si l’arrêt Perruche fait jurisprudence, les parents d’enfant handicapé pourront condamner leur médecin pour mauvais diagnostic ou non dépistage des malformations avant la naissance. Cette décision de justice serait lourde de conséquences : tant du point de vue financier (hausse des cotisations d’assurance pour les professionnels) qu’éthique (tendance à favoriser l’intervention médicale de grossesse dès qu’il y a un doute sur la normalité du fœtus).
Les assureurs expriment leurs inquiétudes lors d’une conférence de presse aujourd’hui. Nicolas Gombault (directeur général adjoint du Sou Médical, une des principales compagnies d’assurance médicale en France) prévient « que les cotisations vont monter en flèche, qu’un certain nombre de praticiens ne vont pas pouvoir s’assurer ou au contraire répercuteront ces tarifs sur le coût de l’acte échographique (..). On risque de tuer l’échographie ».
Par ailleurs, le syndicat national des ultrasonologistes et le collège d’échographie fœtale s’accordent à prévenir que « si l’arrêt Perruche est confirmé par des suivants, cela conduira ipso facto à un arrêt du dépistage anténatal tel qu’il est conçu actuellement ». En effet, explique le Pr Israël Nisand « si le diagnostic prénatal aboutit à l’avortement injustifié pour une malformation mineure ou pire devant la seule annonce d’un doute, il faut le remettre en question comme dangereux pour la population qui s’y soumet ».
(cf. : revue de presse du 14/02/02 et 26/02/02)
Le Figaro 06/03/01