À Marseille, à l’hôpital de la Timone, les parents d’une petite fille d’un an, plongée depuis le 25 septembre dans un coma artificiel et sous assistance respiratoire après une infection ayant entraîné des séquelles neurologiques, s’opposent à l’arrêt des traitements voulu par les médecins. Ces derniers taxent d’ « irréversibles » les séquelles neurologiques de l’enfant, atteinte d’une infection entraînant des atteintes cardiaques et pulmonaires.
Le 4 novembre, une réunion éthique du service hospitalier a proposé, à l’unanimité, de débrancher l’appareil respiratoire qui maintient la petite fille en vie. Une décision prise contre l’avis de sa famille. Les parents ont déposé lundi 14 novembre une procédure devant le Tribunal administratif de Marseille en urgence. Saisi en référé, le tribunal a entendu les parties et une décision doit être rendue dans un délai d’une semaine.
Me Samia Maktouf, l’avocate des parents, assure : « Dans cette affaire, il y a au minimum une grave défaillance d’accompagnement psychologique. Il est inadmissible que la maman ait été informée par téléphone de l’état de sa fille ! Inadmissible que le consentement des parents n’ait pas été clairement recueilli. » Selon elle, l’hôpital souhaite « libérer la place ». Dans l’attente de la décision de justice, l’avocate a demandé une expertise médicale.
Les parents du bébé ont lancé une pétition qui a été signée par près de 50 000 personnes sur internet. Ils décrivent les mouvements de leur fille, reliée à des machines, comme des signes qu’elle « est consciente, bouge et (les) reconnaît ». Le père de l’enfant assure : « Elle ouvre les yeux, elle les ferme. Elle bouge quand on l’appelle (…) Je dis qu’il y a toujours de l’espoir, parce qu’au bout d’un mois, je vois les progrès qu’elle a fait. Les médecins pensent qu’elle n’arrivera jamais à respirer seule et estiment que c’est une raison suffisante pour la débrancher sous une semaine ».
De son côté, Me Christel Schwing, une des avocates de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), a confié au Parisien : « Les parents voient leur enfant bouger, mais cela ne signifie pas qu’il y ait un état de conscience, ni qu’il n’y ait pas de dommages neurologiques irréversibles ». Elle parle d’ « acharnement thérapeutique » pour qualifier la prise en charge de l’enfant.
Dans ce genre de cas où le patient est mineur, les parents doivent être consultés mais le médecin doit prendre la décision définitive quant à l’arrêt des traitements, après une procédure collégiale. Selon un décret du mois d’août, le médecin doit « s’abstenir de toute obstination déraisonnable » et peut renoncer à poursuivre des traitements qui « apparaissent inutiles » ou « disproportionnés » (cf. Fin de vie : les « nouveaux droits des patients » précisés par décrets).
Le Figaro, AFP (16/11/2016).