Lois de bioéthique : avis aux sénateurs

Publié le 22 Jan, 2003

Jean-Yves Nau invite les sénateurs à lire « L’Avenir de la nature humaine ? Vers un eugénisme libéral » de Jürgen Habermas (cf. revue de presse du 05/12/02). Il le présente comme « l’un des rares philosophes contemporains » à oser traiter des sujets graves tels que le diagnostic pre-implantatoire (DPI), le clonage et l’émergence d’une nouvelle forme d’eugénisme. Selon Jean-Yves Nau, J.Habermas prolonge l’analyse du biologiste Jacques Testard pour lequel le développement du DPI est la première étape d’un « eugénisme démocratique ».

Voici les propos de Jacques Testard au journal Le Monde en 1992 « Nous assistons effectivement aujourd’hui à l’installation d’un nouvel eugénisme. Il s’agit d’un eugénisme démocratique, à la fois doux, mou et insidieux. Mon propos concerne avant toutes choses le diagnostic pré-implantatoire, cette technique qui consiste à identifier certaines caractéristiques génétiques de l’embryon humain.(…) ».

Jürgen Habermas considère le DPI et la recherche sur l’embryon comme deux pratiques qui réifient l’embryon. Il ajoute qu’on ne peut pas nier que le DPI, qu’il qualifie de « contrôle de qualité délibéré », instrumentalise la vie humaine puisqu’il donne la possibilité de « créer une vie sous conditions » et selon les préférences d’un tiers. J.Habermas, en pensant à la personne génétiquement programmée, imagine sa souffrance quand elle prendra conscience « de devoir partager avec un autre la qualité d’auteur de son destin personnel ». 

Dans le débat actuel des révisions des lois dites de bioéthique, les sénateurs devront s’exprimer sur la recherche sur les embryons surnuméraires, ceux qui, dans le cadre d’une procréation médicalement assistée, n’ont pas été réimplantés et ne bénéficient plus de « projet parental ». Jean-Yves Nau rappelle que Jean-François Mattéi, en tant que député de l’opposition, s’était opposé à l’utilisation des embryons surnuméraires à des fins de recherche que le texte de l’assemblée projetait d’adopter. Mais aujourd’hui, ministre de la santé, le même Jean-François Mattéi annonce que le gouvernement ne s’opposera pas à cette voie de recherche, proposée par le gouvernement Jospin.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 22/01/03

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