L’IVG, « mon corps, mon choix, mon droit » ?

Publié le 27 Sep, 2015

 « Chaque femme dispose de son corps librement et doit le savoir » a déclaré ce matin Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes.  A l’occasion de la journée mondiale pour le droit à l’avortement, elle tenait une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé :

 

  • le lancement d’une campagne de communication pour deux mois sur « l’IVG et le droit des femmes  à disposer librement de leur corps », déclinée sous forme d’affiches, de clip sur les réseaux sociaux et d’une mise  à jour du site internet sur le sujet,
  • ainsi que la création d’un numéro téléphonique national d’accès à l’information sur la sexualité, la contraception et l’IVG.

 

Ces deux dispositions entrent dans le cadre du « programme national d’action pour améliorer l’accès à l’IVG » lancé en janvier dernier, et font suite à toute une série de mesures déjà mises en place : « levée des barrières financières » (remboursement de l’IVG à 100% par l’assurance maladie), «géographiques » (centres d’IVG répartis sur tous les territoires) et « pseudo-morales » (suppression de la notion de détresse »). Le projet de loi santé débattu actuellement au sénat vise également à « aller plus loin » : réalisation des IVG médicamenteuses par les sages femmes, pratique des IVG instrumentales en centre de santé, suppression du délai de réflexion (cf Gènéthique du 21 septembre 2015).

 

 

« Mieux informer » sur l’IVG est une priorité pour Marisol Touraine, qui regrette que le sondage IFOP réalisé pour l’occasion révèle encore que « 4 français sur 10 sont mal informés sur l’IVG », et que les « idées reçues subsistent ».  « Il faut que concrètement chaque femme qui le souhaite puisse avorter sans rencontrer d’obstacle » a-t-elle déclaré.

 

Déterminée, elle veut « défendre sans relâche le droit à l’avortement ». Elle s’est lancée depuis 3 ans dans une « lutte », un véritable « combat », dans le but « d’agir sur les mentalités ». Avec cette nouvelle campagne et le numéro téléphonique national d’accès à l’information, elle veut donner aux femmes « la bonne information, pour la bonne décision ». Paradoxalement, elle affirme que « le droit à l’avortement est aujourd’hui reconnu par la loi et la société ».  On s’interroge alors: pourquoi « lutter », si ce droit est déjà acquis ?

 

Une campagne “pastel” pour militer pour le droit à l’avortement

Dénotant avec ce discours engagé, la campagne d’information aux couleurs pastel et visages souriants se veut rassurante et reprend des slogans « éloquents » : « Mon corps, mon choix, mon droit ». « C’est ma vie, je choisis ». « Mon corps m’appartient ». « L’IVG, c’est mon droit ». Toute une série de vidéos, sous forme de questions-réponses à des professionnels de santé, mises en ligne sur le site du gouvernement vise là aussi à rassurer les femmes sur cet « acte médical ».

 

Une campagne légère qui met en lumière des paradoxes

L’une des vidéos présentées lors de la conférence de presse met cependant le ministre dans l’embarras : un gynécologue affirme qu’ « il n’y a pas de séquelles à long terme psychologiques de l’avortement ». Suscitant l’opposition d’une journaliste dans la salle, aucun professionnel de santé présent n’a souhaité lui répondre. Pour sortir de ce moment de malaise, le directeur de l’InVS a déclaré « l’affirmer à 100% est excessif, mais c’est un geste qui se banalise ».

 

De même, une question sur la place des hommes dans la décision d’une femme d’avorter met Marisol Touraine devant ses paradoxes : « la femme n’est pas sur responsabilisée, elle est autonomisée. (…) Il peut être important qu’elle soit soutenue par l’homme pour porter le poids de leur choix, qui peut être lourd » répond elle.

L’IVG ne serait donc pas un acte si banal que cela ?

 

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