Le Figaro publie l’interview d’Arthur Kermalvezen, étudiant en psychologie de 24 ans, né après une insémination artificielle avec sperme de donneur (IAD). Celui-ci milite, au sein de l’association PMA, Procréation médicalement anonyme, pour lever l’anonymat du don de gamètes en France. Il raconte son parcours dans un livre qui sort jeudi 6 mars, Né de spermatozoïde inconnu (Presses de la Renaissance).
Dans l’interview, Arthur Kermalvezen explique combien il est difficile de "se construire avec des origines troublées" et d’envisager sa propre paternité : "Ce qui me révolte le plus, c’est que je veux devenir un père de famille et que je vais devoir transmettre cet anonymat. Je suis en psychanalyse depuis 5 ans". "Savez-vous ce que c’est d’être dans la rue et de se dire que, si ça se trouve, dans cette foule, il y a votre père biologique et que vous êtes incapable de le reconnaître ?"
Actuellement, 50 000 enfants ont été conçus par IAD en France depuis 1973. Arthur Kermalvezen préconise la levée de l’anonymat à 18 ans, afin "que les enfants aient le choix de consulter leur dossier ou non. Un dossier où il pourrait y avoir un nom ou bien une photo, une profession ou encore le récit des motivations du don".
Pour Arthur Kermalvezen, connaître son géniteur, c’est connaître les "éventuels problèmes liés à une maladie génétique", c’est avoir besoin de "donner une figure à ce fantasme qui peut vous hanter toute une vie" et c’est aussi vérifier l’existence d’une fratrie : "qui me dit, si j’épouse une fille conçue par IAD, que ce n’est pas ma sœur ? On est en train de faire une jolie tambouille…".
A la question la levée de l’anonymat risque-t-elle, comme en Grande-Bretagne, d’engendrer une chute de dons, Arthur Kermalvezen répond que "c’est un faux problème. Les dons n’ont pas besoin de ça pour mal se porter en France. Ils sont passés de 787 en 1997 à 490 en 2003… Cela responsabiliserait tout le monde au contraire".
Le Figaro (Delphine de Mallevoüe) 05/03/08