L’adoption par le Sénat, début décembre, d’une proposition de loi autorisant la recherche sur l’embryon humain et les cellules souches embryonnaires (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 05/12/12) interpelle lorsque l’on sait que cette fin d’année a été marquée par les récompenses de plusieurs travaux de recherche, dont la dimension éthique est remarquée. Le premier prix, de tout premier plan, est celui qui a été décerné au professeur Shinya Yamanaka, prix Nobel de Médecine 2012. Le second a été décerné au professeur Roger Reeves, lauréat du prix internationnal Sisley-Jérôme-Lejeune. Ces travaux démontrent que "l’éthique n’est pas un frein à la recherche", mais qu’au contraire "elle la favorise".
En attribuant le prix Nobel de médecine au chercheur Japonais Shinya Yamanaka (cf Synthèses de presse Gènéthique du 08/10/12 et 16/11/12), "les jurés ont mis en évidence un procédé révolutionnaire", celui des cellules dites "iPS", car, précise l’Académie des Sciences, ce procédé "surmonte les impasses éthiques et techniques propres à la recherche sur les cellules souches embryonnaires". Mgr Jacques Suaudeau, directeur scientifique de l’Académie pontificale pour la vie, explique que les cellules iPS permettent notamment la modélisation de maladies, c’est-à-dire de "reproduire des modèles cellulaires de maladies, ce qui favorise une meilleure compréhension des pathologies concernées", mais également le "criblage" c’est-à-dire "évaluer sur ces cellules modèles de maladies l’effet de nouveaux médicaments en cours d’étude".
Pour le prix internationnal Sisley-Jérôme-Lejeune, attribué au chercheur américain Roger Reeves, le jury a souhaité récompenser ce dernier pour ses travaux de recherche qui "ont permis d’améliorer les fonctions cognitives des personnes atteintes de trisomie 21". Concrètement, par ses travaux, le Pr Roger Reeves avait pour objectif de "créer un modèle de souris trisomique – qui n’existe pas dans la nature -, de façon à tester sur elle des traitements" destinés, entre autres, à améliorer les déficiences intellectuelles des personnes trisomiques comme la difficulté à s’orienter. En outre, ces travaux de recherche ont permis au chercheur de travailler "sur une autre caractéristique des patients trisomiques", à savoir "le fait qu’ils soient moins sujet au cancer que le reste de la population". Ainsi, le Pr R. Reeves précise: "Nous avons réussi à prouver, par des expériences sur des souris, que le fait que le gène 21 soit surexprimé, ce qui est le cas des trisomiques, vous prémunit contre le cancer intestinal. Ce qui rend possible la mise au point d’un traitement préventif dont pourront profiter les non trisomiques".
Pour Mgr Suaudeau et Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, cette "actualité de la recherche médicale montre que les grandes découvertes […] ne résultent pas d’une transgression morale".
Ainsi, Mgr Suaudeau explique que si "la science a progressé", c’est "non pas à coup de transgressions éthiques, mais par réflexion sur les données de la nature".
Pour Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune, "il n’y a pas à opposer le plan de la morale et celui de la science, qui sont deux plans distincts sans être séparés. On ne choisit pas entre respecter la morale ou faire avancer la science! Si la recherche scientifique, dans le domaine médical, a pour objet de rendre service aux hommes en mettant à leur disposition des moyens qui soulagent la souffrance, la fin ne justifie pas les moyens. Car la science qui détruit l’objet de son travail se détruit elle-même".
Soutenant cette logique de progrès sans transgression éthique, la Fondation Jérôme Lejeune a lancé une campagne de sensibilisation, intitulée "vous trouvez ça normal?", pour maintenir le principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon humain.
Famille Chrétienne (Charles-Henri d’Andigné – Samuel Pruvot) 13/12/12