Sur le site internet de l’hebdomadaire La Vie, le mouvement des Poissons roses, un "mouvement proche du PS [parti socialiste]", publie un billet dans lequel ils "regrettent l’absence de débat citoyen autour d’une réforme dont les enjeux éthiques sont graves, et appellent à la prudence". En effet, mercredi 3 octobre 2012, "la commission des affaires sociales du Sénat va examiner […] une proposition de loi visant à lever ‘sous certaines conditions’ l’interdiction de la recherche sur l’embryon".
En premier lieu, les Poissons roses reviennent sur les conditions de conservation des embryons, et précisent : "Avec la facture des frais de congélation de leurs embryons, les parents, qui ont eu recours à ce service, reçoivent tous les ans un formulaire afin de préciser leur projet" concernant ces embryons : "don à un tiers, don à la science ou désir d’enfant". Pour le mouvement des Poissons roses, "le ‘stress éthique’, peu anticipé mais souvent suscité par ce choix au sein des couples, prouve que le contenu de cette éprouvette n’est pas rien. Même du fond de son congélateur, l’embryon est relié à ses géniteurs. Pour un couple, donner son embryon n’est pas donner un rein".
Ainsi, pour le mouvement, la proposition de loi, qui ouvre "plus largement la possibilité de la recherche sur les embryons, […] ne fait que contribuer davantage à ce stress éthique nourri d’une logique de marchandisation de l’humain". Ainsi, il s’interroge : "pourquoi accepter que les sages principes de précaution appliqués sur les manipulations génétiques du maïs ne soient pas les mêmes pour les embryons humains ? Pourquoi toujours céder aux sirènes du ‘prix à payer’ : prix à payer pour la recherche, prix à payer pour une vision incantatoire du progrès, sorte de nouveau dieu auquel il faudrait sacrifier ce que nous avons de plus intime ?". Les Poissons roses rappellent : "les milliers d’embryons en attente sont autant de trésors cellulaires au potentiel immense, qui attisent les convoitises. Sont-ils cependant des objets économiques comme les autres ? Est-ce légitime qu’ils soient mis d’emblée à la disposition des laboratoires pharmaceutiques ? Faire gagner du temps à la recherche, nous dit-on. Il en serait de même si certains protocoles risqués pouvaient être testés directement sur des hommes, des femmes ou des enfants, cependant la plupart des scientifiques préfèrent s’en tenir aux souris de laboratoire…".
Face à ces différents constats, les Poissons roses s’interrogent alors sur les conditions dans lesquelles émerge cette proposition de loi en soulignant une "nouvelle absence de débat sur une loi préparée en catimini, dans un contexte de crise majeur ouvrant le passage d’un modèle de société à un autre […]". En outre, "pourquoi ce besoin de légiférer dans l’urgence sur cette question qui n’est ni de droite ni de gauche ?". Pour le mouvement des Poissons roses, "nos concitoyens doivent être éclairés par des experts et des scientifiques, mais sur des sujets aussi fondamentaux qui ne relèvent d’aucun clivage politique, la décision leur appartient. Les citoyens veulent être des contributeurs".
La Vie (Philippe de Roux – Nestor Dosso – Chantal Hamy) 01/10/12