Dans son 75ème avis rendu public vendredi dernier, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) estime que le recours à l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) est abusif et devrait être réduit. Chaque année en France, près de 10 000 enfants naissent grâce à l’Assistance médicale à la procréation (AMP) dont plus de la moitié par ICSI.
Cette technique de fécondation in vitro (FIV) utilisée depuis 1992, permet de contourner la stérilité masculine en injectant directement un seul spermatozoïde dans un ovocyte. L’ICSI évite ainsi le recours au don de sperme. Cette technique a été validée "sans qu’une expérimentation animale suffisante normalement requise pour l’adoption d’une thérapeutique nouvelle ait réellement eu lieu" rappelle Didier Sicard, président du CCNE. "Le doublement des malformations congénitales (2,4% pour la FIV en général contre 1,2% pour des grossesses spontanées), la transmission d’anomalies chromosomiques sexuelles responsables de stérilités potentielles […] font de la FIV doublée de l’ICSI une technique qui n’est pas totalement dénuée de risques pour l’enfant" note le CCNE. C’est pourquoi, d’après "les sages" l’ICSI "ne devrait pas être banalisée" comme elle l’est actuellement mais réservée aux cas de stérilité masculine. Face au "risque encore non évalué" de transmettre à l’enfant une stérilité, le CCNE réclame que l’on donne aux parents "une information claire et complète".
L‘ICSI soulève d’autres problèmes autant éthiques qu’économiques. Le recours à cette technique coûte plus cher qu’une FIV classique sans offrir de meilleurs résultats. Par ailleurs, elle facilite le recours au diagnostic préimplantatoire susceptible de favoriser le choix d’un enfant à la carte, comme par exemple le choix du sexe de l’enfant. Enfin, "les sages" s’inquiètent du manque de suivi des enfants né par FIV. C’est pourquoi, ils recommandent "face aux risques liés à la FIV et à l’ICSI en particulier, la réalisation d’un suivi épidémiologique à long terme des enfants nés grâce à cette technique". Le CCNE insiste sur l’importance d’évaluer ces pratiques afin de "ne pas rester dans l’incertitude". Reste qu’en dehors des difficultés méthodologiques, cette étude va engendrer des inquiétudes pour les familles concernées.
Lire en ligne l’avis du CCNE sur les questions éthiques soulevées par le développement de l’ICSI |
Le Figaro (Martine Perez) 22/02/03 – Le Monde (Sandrine Blanchard) 24/02/03 – Libération (Julie Lasterade) 22/02/03 – La Croix (Solenn de Royer) 24/02/03 – Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendahl) 24/02/03