A l’occasion des 20 ans du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), la revue Famille Chrétienne revient sur "la course effrénée" des biotechnologies de ces 30 dernières années. A ce propos, le Professeur Jérôme Lejeune, découvreur de la Trisomie 21 en 1958, prévenait : "la bombe biologique est probablement plus redoutable pour l’humanité que la bombe thermonucléaire". Face à cette accélération, "qui semble enfermée dans une dynamique immédiate de prestige et d’intérêts économiques", comment protéger l’homme ?
Pour cela, il faudrait pouvoir définir l’embryon car, explique Pascal Ide, prêtre, médecin et philosophe, "toutes les dérives de la pratique médicale viennent d’une sous qualification de l’humanité des personnes" et en l’occurrence de l’embryon.
La multiplication des lois en ce domaine sans pour autant clarifier le statut de l’embryon rappelle une citation d’Alexandre Soljenitsyne pour qui "les hommes ont besoin de faire des lois quand il n’y a plus de moeurs". Elizabeth Montfort, député française au parlement européen et membre de la commission temporaire de génétique humaine, explique que "pendant très longtemps, il n’y a eu besoin ni de bioéthique, ni de loi. Deux serments suffisaient : celui d’Hippocrate et celui d’Antigone". Aujourd’hui, la "bioéthique" les remplace, concept vague et ambivalent.
Elizabeth Montfort constate que, depuis la Loi Veil, c’est par le même processus que toutes les lois concernant la dignité humaine sont décidées : "affirmation du principe, prise en compte de l’exception dans un cadre bien précis, puis légalisation de l’exception". Gérard Mémeteau, professeur à la faculté de droit de Paris, se demande "si la bioéthique ne crée pas d’abord des situations, ensuite leur légitimation, pour enfin en imposer l’évidence".
Michel Schooyans, professeur émérite à l’Université de Louvain (Belgique) regrette que le Comité propose une éthique de consensus, fruit d’une "arithmétique des intérêts" entre "l’éthique de conviction" et "l’éthique de responsabilité".
Famille Chrétienne (Maryvonne Gasse) 1er au 7 mars 2003