Le “pass contraception” envahit les lycées français région après région. Lancé le 26 avril 2011 par le président du Conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon (PS), ce dispositif qui vise à faciliter l’accès à la contraception pour les lycéens a également été autorisé en Poitou-Charentes le 2 mai. Le conseil régional de Rhône-Alpes envisage de l’adopter lui aussi mais en l’étendant aux étudiants et aux apprentis. Le ministre de l’Education nationale Luc Chatel, initialement opposé à cette initiative proposée en novembre 2009 par Ségolène Royal, semble désormais la considérer comme une mesure phare de la prévention des avortements chez les mineures. Une position controversée qui mérite quelques éclaircissements.
Pass contraception : qu’est-ce ?
Le pass contraception consiste en un ensemble de coupons remis aux lycéens qui le demandent par l’infirmière scolaire de leur établissement et leur donnant accès gratuitement et anonymement à la contraception pour une durée de 3 à 6 mois. Consultations médicales, analyses, pilule, implant, stérilet, patch, etc. sont compris dans le pass, les différents professionnels impliqués dans le dispositif étant remboursés par la région.
Une solution à l’IVG ?
Cette mesure vise à endiguer les quelques 13 200 avortements de mineures annuels, un chiffre en constante augmentation. Pourtant, diverses analyses montrent qu’il n’y a pas de rapport automatique entre accès à la contraception et baisse des IVG. Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’Inserm, rappelle que l’augmentation du nombre d’avortements n’est pas due à un mauvais recours à la contraception mais à une “norme procréative” qui a changé. “Aujourd’hui, pour un même taux de grossesses non prévues, on recourt plus facilement à l’IVG“, précise-t-elle en notant qu’on est passé de 65% de grossesses non désirées interrompues en 1990 à 79% en 2005 chez les 14-15 ans et de 54% à 67% chez les 16-17 ans sur la même période.
La Confédération nationale des Associations familiales catholiques (CNAFC) fait le même constat, soulignant que “cette situation tient au fait que le recours à l’avortement prend naissance en particulier dans des conceptions erronées de la sexualité qui procèdent de la même logique que celle pouvant justifier le recours à la contraception“.
L’enjeu n’est donc pas tant de renforcer l’accès à la contraception que de “changer le discours sur la sexualité. (…) Plus on a un discours positif, qui insiste sur le lien, le partage, le respect de l’autre, et moins il y a de grossesses non désirées“, conclut Nathalie Bajos. La CNAFC, plaide elle aussi pour une “véritable éducation affective, relationnelle et sexuelle des jeunes“, redoutant que le pass contraception soit un “parapluie derrière lequel on s’abrite” pour ne plus s’occuper de l’éducation à l’amour.
Autorité parentale confisquée
La mise en place de ce dispositif a suscité une vive inquiétude au sein des associations de parents d’élèves. “Il ne faut pas se substituer aux parents“, a protesté la présidente de la Fédération des Parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP), Claudine Caux. Alors que les parents auraient besoin d’être confortés dans leur mission d’accompagnement de leurs enfants dans l’acquisition de l’autonomie et de la responsabilité, le pass contraception les exclut de leur rôle de premiers éducateurs.