Mgr Jacques Suaudeau, médecin et directeur de la section scientifique de l’Académie pontificale pour la vie, revient dans Liberté Politique sur l’impasse morale à laquelle aboutit la congélation des embryons.
Il rappelle que l’Eglise "ne considère en aucune façon que la mort programmée de ces embryons est acceptable, et elle voit toujours dans l’embryon pré-implantatoire un être humain à part entière, au début de son "cycle vital", dont la vie doit être protégée, et qui ne doit pas être soumis à des manipulations".
Il évoque les points importants que souligne l’Eglise concernant les embryons humains congelés orphelins :
1/ Le caractère illicite de la FIVET (fécondation in vitro et transfert)qui marque une absence totale du respect pour l’embryon et pour ses droits.
2/ La fin ne justifie jamais les moyens. On ne peut utiliser un moyen immoral (FIVET) pour une bonne fin (naissance d’un enfant).
3/ La vie humaine est le premier de tous les biens et doit donc être pleinement respectée mais elle n’est pas un bien absolu alors qu’au contraire il y a une obligation à ne pas tuer (ce qui suppose vouloir la mort de l’autre et la réaliser directement ou indirectement).
4/ L’Eglise ne conseille pas l’adoption embryonnaire. Elle estime qu’il s’agit là d’une proposition "louable" dans ses intentions, mais qui entraîne une coopération au mal moral de la FIVET. Elle ne la déclare pas illicite et ne l’interdit pas formellement.
5/ Parmi les cas envisagés, Mgr Suaudeau évoque le transfert de tous les embryons en réserve, congelés, dans l’utérus d’une femme qui en serait la mère biologique, à la fin de la période de fertilité de cette femme. Il rappelle que l’Eglise juge disproportionnée "ce transfert" dans le seul but de ne pas devoir détruire ces embryons par la seule décongélation.
6/ L’Eglise demande que l’on ne pratique plus de congélation d’embryons et que l’on mette un terme aux conditions indignes dans lesquelles sont maintenues ces embryons.
Enfin, Mgr Suaudeau explique qu’il faut éviter d’instrumentaliser ces embryons et en tirer des cellules souches. Il préconise donc de décongeler ces embryons pour les remettre dans des conditions normales de survie, en milieu de culture, à 37 degrés. Les embryons qui auront survécu à la décongélation finiront ainsi leur existence, par dégénérescence naturelle, sans qu’on les "tue" pour reprendre l’expression émotionnelle mais inexacte de certains.
Liberté Politique 01/04/09