Un rapport publié mercredi par le Centre national pour la fin de vie et les soins palliatifs se propose, après trois ans, de faire le bilan de la mise en œuvre de la sédation profonde et continue jusqu’au décès autorisée par la loi Claeys-Léonetti de 2016 (cf. Le « désastre » de la PPL Claeys-Leonetti). Le rapport note que dans les faits : « Il y est peu fait recours ».
Les mots sont choisis : la sédation profonde et continue jusqu’au décès serait « la possibilité d’endormir définitivement les malades incurables et en très grande souffrance »[1]. Sans possibilité de retour en arrière, sans possibilité de changer d’avis, sans eau et sans nourriture.
Finalement, les professionnels de santé ne s’y sont pas trompés. Sous un langage douillet, la sédation profonde et continue jusqu’au décès est une euthanasie qui ne dit pas son nom (cf. La CMP vote la Proposition de loi Claeys Leonetti, un texte sur l’euthanasie qui ne dit pas son nom) et comme telle, elle suscite, de la part des personnels soignants, de vraies réticences. Ils préfèrent chercher à soulager la souffrance, accompagner, plutôt que tuer. Laisser mourir, n’est pas faire mourir.
Interrogée par La Croix[2], Claire Fourcade, Vice-présidente de la SFAP, ne mâche pas ses mots : « Dans son rapport, le Centre fait comme si la sédation profonde était un objectif en soi. Mais dans les services, l’objectif est de soulager les gens avec tous les moyens qui sont à notre disposition, pas d’atteindre un “quota” de sédations ». Par ailleurs, elle regrette que la SFAP n’ait pas été consultée par les auteurs du rapport.
Du côté des patients, le rapport souligne que cette sédation ultime est vécue comme un « droit devenu acquis depuis la loi de 2016 », ce qui complique le travail des professionnels sur le terrain, conduisant à plus de confusion.
Ce rapport ressemble à une nouvelle tentative des pouvoirs publics pour banaliser un peu plus une forme de suicide assisté, alors qu’il a été martelé que la fin de vie ne ferait pas l’objet de la prochaine loi de bioéthique.
Pour aller plus loin :
« Mourir dans la dignité mais jamais anticiper la mort »
[1] Afp, Fin de vie : La sédation jusqu’à la mort « peine à se mettre en place ».