Avril 2012, l’EHPAD Korian Jardin d’Alésia. Deux infirmières se démènent pour faire le pansement de Mme Kessler. La patiente hurle, se débat. Claire Oppert s’arrête, s’assied et entame le thème de l’andante du Trio op. 100 de Schubert. Le bras de Mme Kessler se détend, le calme revient, elle sourit. « Un prodige » et le début du protocole du « pansement Schubert ».
Claire Oppert nous emmène à la rencontre d’autistes profonds, de résidents d’EHPAD, de patients déments, de malades douloureux ou en fin de vie. Des récits courts qui nous montrent qu’au-delà du corps, il y a une sensibilité, une âme qui doit être rejointe et pansée. Et quand la communication semble difficile, voire impossible, la musique – pas toujours classique – peut créer des ponts.
La galerie de portraits est convaincante, et les refus, les échecs ne sont pas occultés. On regrette cependant que les histoires s’accumulent, en nous forçant à tourner trop rapidement la page de rencontres à peine ébauchées. Et quand arrive l’histoire de Mme Beauchamp qui « a défié tous les pronostics des chiffres mortels de ses analyses de sang » en restant vivante « encore cinq semaines après l’arrêt de son alimentation et de son hydratation », on ne peut que s’interroger devant cette absence totale de remise en question face à l’euthanasie « passive » de la part d’une personne qui a développé un protocole consacré à soulager.
Editeur : Denoël
Date de parution : février 2020
Nombre de pages : 192