Dans Libération, Jaques Testart, directeur de recherches honoraire de l’Inserm, revient sur la publication dans Nature, le 20 novembre 2008, de travaux annonçant la reconstitution de 80% du génome du mammouth. A la suite de cette annonce, le journaliste scientifique Henry Nicholls analysait “ce qu’il restait à réussir pour voir gambader dans nos champs de petits mammouths“. Or, pour Jaques Testart, le clonage du mammouth reste à ce jour improbable car il faut mettre en jeu beaucoup plus que l’ADN d’un animal pour le faire revivre.
Il détaille ainsi les étapes successives – de la reconstitution totale du génome du mammouth à la transplantation de l’embryon dans un utérus d’éléphant (chose jamais réussie), en passant par l’assemblage de fragments d’ADN en chromosomes, la construction d’un noyau de mammouth via des protéines d’ovules de crapaud ou encore l’obtention d’ovules d’éléphante et le transfert du noyau de mammouth dans l’ovule d’éléphante – qu’il faudrait passer avec succès pour obtenir au final un seul spécimen qui ne permettrait pas de recréer l’espèce. Si d’aventure, plusieurs individus des deux sexes (la génération de mâles étant encore plus complexe que celle de femelles) étaient obtenus, ils n’auraient pas de génomes variés pour créer une diversité viable au sein de l’espèce. Enfin, resterait la difficulté de l’écosystème.
En bref, l’auteur s’élève contre ce qui “demeure impossible à ce jour, sauf à confondre le bouturage du matériel génétique avec la reproduction à l’identique d’un individu“, “c’est-à-dire en réduisant les êtres vivants à leur ADN, comme le veut la biologie synthétique et comme il est démontré tout au long de ce jeu de construction chimérique“.
Libération (Jacques Testart) 03/03/09