Par un vote du 19 novembre 2003, le Parlement européen vient d’accepter sans restriction le principe du financement de la recherche impliquant le prélèvement de cellules souches sur les embryons humains. Le compromis proposé par le rapporteur Liese, visant à limiter la recherche aux embryons surnuméraires déjà stockés (afin d’éviter la généralisation de la production de cellules souches embryonnaires), a été rejeté. Les orientations « éthiques » proposées par la Commission n’ont pas été suivies par la majorité du Parlement, preuve que la seule orientation « éthique » valable consiste à refuser de financer tout type de recherche sur les embryons.
Coup porté aux embryons
En supprimant toute date limite de conception des embryons à utiliser, ce texte conduira à la création toujours plus nombreuse d’embryons surnuméraires lors des FIV (fécondation in vitro). Il sera toujours facile de dire qu’il faut bien trouver une autre utilité à des embryons surnuméraires voués à la destruction. C’est l’instrumentalisation officielle de l’embryon humain utilisé comme matériau. L’être humain devient sujet d’expérimentation.
Ambiguïté au plan scientifique
Aucune évaluation scientifique ne justifie la recherche sur les cellules souches embryonnaires et les chercheurs constatent l’échec de l’utilisation de ces cellules à des fins thérapeutiques. Les scientifiques ne promettent aucun résultat avant dix ou quinze ans. L’urgence à trouver des thérapies est la question posée par la recherche sur les cellules souches et dans l’état actuel de la recherche, seule l’utilisation de cellules souches adultes est porteuse d’espoir. La finalité des cellules souches adultes est de réparer des tissus sur le malade lui-même ; leur utilisation ne pose aucun problème éthique ou technique, mais elle ne dispose malheureusement pas de moyens financiers suffisants. L’essentiel des fonds européens devrait financer ce type de recherche qui seule pourra répondre à la demande urgente des malades.
Il faut enfin remarquer que les pays qui, comme la France aujourd’hui, interdisent cette recherche sur leur territoire, contribueront à la financer dans les Etats où elle est autorisée, ce qui est contraire au respect du principe de subsidiarité.
L’adoption de cette proposition représente l’avis du Parlement européen ; cet avis sera transmis au Conseil des Ministres de la recherche de l’Union européenne qui prendra la décision finale.
Ref :
– Gènéthique n°37, janvier 2003
et n°45, septembre 2003
– Rapport Liese (Commission ITRE): recherche RDT, 6ème PC 2002-2006 : financement des projets de recherche.
– Revue de presse www.genethique.org