François Xavier Putallaz, professeur de philosophie à l’Université de Fribourg, revient sur la loi d’application du diagnostic préimplantatoire qui fera l’objet d’une votation en Suisse le 5 juin prochain.
Pour lui, « la principale erreur a été faite l’année dernière, lorsque le peuple suisse a accepté l’article constitutionnel » rendant possible le DPI. On a alors « supprimé le respect dû aux embryons. On pousse à produire des embryons qui ne sont pas utilisés pour la FIV. On autorise le tri, la sélection et la destruction des embryons ».
Le projet initial ouvrait le DPI aux couples risquant de transmettre à leur enfant une maladie héréditaire grave. Mais ces modalités ont été élargies à d’autres affections, en particulier la trisomie 21. Associé à la possibilité de pratiquer le test prénatal non invasif (DPNI), ces deux techniques « vont certainement déboucher sur une disparition des naissances d’enfants trisomiques ». Il n’y pas simplement « un risque de dérive, nous sommes déjà dans la dérive », dénonce-t-il.
Le reproche adressé aux opposants au DPI est de « ne pas prendre en compte les souffrances physiques et morales des parents d’enfants handicapés ». Mais « le combat contre la souffrance ne doit pas se faire ‘à tout prix’ », répond François Xavier Putallaz : « La médecine a pour but de lutter contre la souffrance, contre le handicap et c’est bien ainsi. Ce n’est cependant pas contre les porteurs du handicap ou de la souffrance qu’elle doit lutter (…) La vraie compassion consiste à accompagner la personne souffrante et non à la supprimer ». Or le « DPI ne cherche pas à faire reculer le handicap, mais à éliminer les handicapés ».
cath.ch, Raphaël Zbinden (26/05/2016)