Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a adopté un rapport se prononçant contre la gestation pour autrui (GPA) le 4 février 2010. Rédigé par les Drs Piernick Cressard et François Stéfani, ce rapport met en avant les risques médicaux et psychiques qu’implique cette pratique de la gestation pour autrui, et montre en quoi elle est contraire à l’éthique. Il s’élève contre l’instrumentalisation du corps de la femme que la GPA réduit en quelque sorte "à un ‘instrument’ de gestation". De même, il montre le statut préoccupant de l’enfant ainsi conçu qui se trouve "l’objet d’un contrat", et rappelle qu’un "enfant est une personne humaine dont on ne peut disposer librement".
Le rapport insiste sur le fait que "la grossesse n’est pas un simple mécanisme de gestation où une femme permettrait à un embryon de se développer indépendamment de son propre organisme" mais qu’il y a de nombreuses intéractions entre l’organisme de la mère et celui de l’enfant dont les conséquences physiques et psychologiques importantes "se poursuivront même après l’accouchement".
Ces conséquences psychologiques touchent aussi bien l’enfant à naître, la mère porteuse et son entourage familial que le couple demandeur. Le rapport rappelle aussi que la grossesse est une période non dénuée de risques pour une femme et conclut que "des méthodes de procréation qui mettent en jeu le corps et la santé d’autrui ne sont éthiquement et médicalement pas justifiées".
Rappelant le deuxième impératif catégorique de Kant – "agis de telle sorte que tu uses de l’humanité en ta personne et dans celle d’autrui toujours comme une fin et jamais simplement comme un moyen" – le CNOM affirme que si le médecin "peut comprendre et accompagner le désir de procréation légitime et naturel des couples stériles", son rôle n’est pas de "le faire au prix d’une atteinte à la dignité d’autres êtres humains et au travers d’eux à la dignité de l’espèce toute entière".
Le rapport peut être consulté ici.
Valeurs actuelles 04/03/10 – Conseil-national.medecin.fr 04/02/10