“Le bébé mort est une personne” rappelle Maryse Dumoulin, praticien hospitalier à la maternité Jeanne de Flandres de Lille et maître de conférence en éthique médicale.
Elle déplore que les enfants morts nés, pendant la grossesse ou à terme, ou décédés très peu de temps après la naissance demeurent “des inconnus sociaux“. Pour les parents et la famille la mort de cet enfant nécessite un véritable travail de deuil mais “tout se passe encore trop souvent comme “si rien ne s’était passé” comme s’il n’y avait pas eu d’enfant“. Elle explique que “ce déni social et juridique risque d’obérer le deuil des parents. Pour les parents, au traumatisme du décès périnatal s’ajoute celui de la non reconnaissance civile et sociale de leur enfant décédé et, par la même, la non reconnaissance de leur douleur“.
Maryse Dumoulin appelle les équipes médico-administratives à une prise en charge particulière de ces familles en les aidant à inscrire leur enfant décédé dans leur histoire. L’objectif est aussi de prévenir d’éventuelles complications psychopathologiques chez la mère, le couple, les frères et soeurs. Elle invite donc les équipes médicales concernées à se former. “Ce travail autour de la mort, bien que souvent difficile pour les personnels soignants et administratifs, toujours douloureux pour les parents, est source d’un enrichissement mutuel et un progrès vers plus d’humanité“.
Libération 01/11/02